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ECOFEST 2025 : SÉMINAIRE MINISTÉRIEL POUR UNE AFRIQUE DE L’OUEST CULTURELLEMENT UNIES

Un séminaire ministériel historique réaffirme le rôle central des industries culturelles dans le développement régional

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Dans une démarche d’unification sans précédent, les Commissions de la CEDEAO et de l’UEMOA, en partenariat avec la République du Sénégal, ont réuni ce mardi 2 décembre 2025 au Musée des Civilisations Noires les ministres de la Culture des États membres pour un séminaire ministériel stratégique. Cette rencontre de haut niveau, organisée en marge de la première édition du Festival ouest-africain des Arts et de la Culture (ECOFEST), marque un tournant décisif dans la reconnaissance de la culture comme levier d’intégration régionale, de cohésion sociale et de développement économique durable.​

Présidée par Amadou BA, ministre sénégalais de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, la session a accueilli ses homologues de la Gambie, du Ghana, du Libéria ainsi que les représentants des ministres du Togo et de la Côte d’Ivoire. La présence active des commissaires Mamadu Serifo Jaquite (en charge du Département du Développement Humain de l’UEMOA) et Prof. Fatou Sow Sarr (en charge du Département du Développement Humain et des Affaires sociales de la CEDEAO) a conféré à ce séminaire une portée institutionnelle majeure, témoignant de l’engagement des plus hautes autorités régionales.​

Une vision partagée pour transformer l’écosystème culturel ouest-africain

Le séminaire s’est articulé autour d’un impératif stratégique central : transformer les industries culturelles et créatives (ICC) en moteur structurant de la croissance économique ouest-africaine. Les discussions ont permis aux ministres d’affiner une compréhension commune des défis culturels actuels, d’examiner les priorités stratégiques régionales et de mettre en lumière la contribution irremplaçable du patrimoine, des arts et des ICC au développement durable.​

Au cœur de ces débats figure une préoccupation partagée : créer un écosystème robuste capable de générer des emplois massifs pour les jeunes du continent. Amadou BA a insisté sur la nécessité de bâtir une économie créative véritablement intégrée, soutenus par des mécanismes fiscaux adaptés, des financements publics stratégiques et une implication renouvelée du secteur privé. Pour le ministre sénégalais, sans cette mobilisation combinée, l’Afrique de l’Ouest risque de perdre une opportunité historique de capitaliser sur son potentiel culturel immense.​

L’enjeu, selon BA, dépasse la simple valorisation artistique : il s’agit de consolider des chaînes de valeur culturelles compétitives, capables de rivaliser sur la scène mondiale et de ramener aux créateurs africains les ressources financières généralement captées par des intermédiaires externes. Cette perspective reflète une prise de conscience régionale que la souveraineté culturelle passe inévitablement par l’autonomie économique des secteurs culturels locaux.​

Les industries culturelles : un secteur porteur en quête de politique ambitieuse

Les échanges ministériels ont mis en évidence une réalité économique désormais incontournable : les ICC génèrent déjà à l’échelle continentale des dizaines de milliards de dollars et emploient des millions de personnes, majoritairement des jeunes. Au Sénégal seul, la culture représentait 3,61% du PIB en 2018, un chiffre appelé à progresser sensiblement dans les années à venir.​

Or, le constat unanime des ministres porte sur un déficit de politiques structurantes à la hauteur de cet enjeu. Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, intervenant devant les représentants régionaux, a appelé à la mise en place d’un véritable marché commun de la créativité ouest-africaine. Cette vision implique trois piliers fondamentaux : faciliter la libre circulation des artistes et des œuvres entre les États membres, renforcer et harmoniser les régimes de protection des droits d’auteur, et investir massivement dans les infrastructures culturelles régionales.​

Cette approche s’inscrit dans une continuité historique : depuis la Conférence de Dakar de 1992 et l’adoption du Plan d’Action pour les industries culturelles en Afrique, la communauté internationale reconnaît le potentiel dual — culturel et économique — des ICC. Cependant, plus de trois décennies plus tard, cette transformation reste largement inaccomplie, révélant un fossé entre l’ambition politique affichée et les investissements réels.​

Renforcer l’emploi des jeunes : priorité centrale et catalyseur de stabilité

Au-delà des considérations économiques, le séminaire a accordé une attention particulière à la capacité des ICC à absorber les millions de jeunes sans emploi de la région. Dans un contexte géopolitique régional fragilisé par des crises sécuritaires et des tensions sociopolitiques, la création d’emplois dans le secteur créatif représente bien plus qu’un enjeu économique : elle constitue un vecteur de stabilité sociale et de résilience communautaire.​

Les ministres ont reconnu que les initiatives nationales émergentes, bien que souvent fragmentées et sous-financées, ont déjà démontré leur capacité transformatrice. Le défi consiste à les amplifier, les coordonner et les inscrire dans un cadre régional cohérent. Amadou BA a particulièrement souligné le rôle des nouvelles générations de leaders africains, déterminés à réapproprier l’héritage culturel du continent et à le convertir en actifs économiques mondialement reconnus.​

De la CEDEAO des États à la CEDEAO des peuples

Le séminaire s’inscrit dans une trajectoire institutionnelle ambitieuse : celle de transformer la CEDEAO d’une simple « communauté d’États » en une véritable « CEDEAO des peuples ». ECOFEST 2025 en constitue une expression concrète, traduisant sur le terrain une vision de trente-huit ans demeurée largement inactualisée.​​

Cette mutation passe par une reconnaissance explicite que la culture n’est pas un secteur résiduel de la politique publique, mais bien un pilier structurant du projet régional de développement. En plaçant le dialogue interculturel et la promotion de la culture de la paix au cœur des objectifs d’ECOFEST, les institutions régionales réaffirment une certitude : dans un contexte de mutations sociopolitiques rapides, la culture demeure le dénominateur commun capable de regrouper les peuples, transcender les clivages et rebâtir les liens sociaux.​​

Des initiatives nationales vers une stratégie régionale coordonnée

Le séminaire a permis aux ministres de présenter leurs initiatives nationales respectives et de partager leurs pratiques les plus pertinentes. Cette mise en commun des expériences revêt une importance stratégique : elle permet d’identifier les modèles transférables, d’anticiper les obstacles communs et de coconstruire des solutions régionales. Cette gouvernance partagée, garantie par un comité d’organisation conjoint réunissant la CEDEAO, l’UEMOA et le Sénégal, en est la traduction institutionnelle.​

En consolidant les politiques culturelles régionales et en encourageant des approches innovantes d’intégration régionale, le séminaire ouvre un espace où les États membres peuvent progresser de façon concertée vers des objectifs communs, tout en respectant les spécificités nationales. C’est l’essence même de ce que l’on appelle une intégration régionale « par le bas », menée par les peuples et ancée dans leurs réalités culturelles.​

Un moment charnière pour l’Afrique de l’Ouest

Ce séminaire ministériel du 2 décembre 2025 demeurera un tournant symbolique dans l’histoire de l’intégration culturelle ouest-africaine. Réunissant pour la première fois dans un cadre aussi structuré les ministres de la Culture de la région, les discussions ont concrétisé une ambition jusqu’alors restée largement théorique : faire de la culture un véritable levier d’intégration régionale, de stabilité sociale et de prospérité économique.​

Alors qu’ECOFEST bat son plein à Dakar sous le thème « Mutations et crises sociopolitiques : quel rôle la culture peut-elle jouer ? », le message implicite de ce séminaire résonne avec une clarté nouvelle : l’Afrique de l’Ouest dispose, en ses talents créatifs et en son patrimoine diversifié, de l’une de ses ressources les plus précieuses. À la communauté de décideurs d’en faire un moteur de transformation.​

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