ANALYSE POLITIQUE : LE SEN DE L’APR ’APR SONNE LA CHARGE POUR SES 17 ANS ET DÉNONCE UN « CHAOS » POST-MACKY SALL
Dix-sept ans jour pour jour après sa création, l’Alliance Pour la République (APR) a marqué son anniversaire par une Déclaration Politique du Secrétariat Exécutif National (SEN) qui est à la fois un hymne au bilan de son fondateur, Macky SALL, et une charge frontale contre le nouveau pouvoir, dépeint comme amateur et dangereux. Reléguée dans l’opposition après sa défaite en mars 2024, l’APR cherche clairement à redéfinir son rôle, se positionnant en gardien de l’héritage républicain face à une « faillite de la République » qu’elle dénonce avec virulence.
Le communiqué s’ouvre sur la glorification du parcours de Macky SALL, présenté comme l’homme ayant « entamé son explication dynamique avec l’Histoire » en 2008. L’APR revendique des « prouesses inédites » : l’accession au pouvoir en seulement trois ans (2012) et l’édification d’une coalition, Bennoo Bokk Yaakaar (BBY), qualifiée de « plus grande Coalition de notre histoire nationale ».
Surtout, le parti s’attribue le mérite d’avoir « transformé, comme jamais auparavant, le visage du Sénégal » en douze ans, de l’avoir fait sortir des PMA (Pays Moins Avancés) et d’avoir assuré son « rayonnement international ». Ces affirmations, confirmées par les chiffres de croissance de la décennie passée (avant la crise de 2024), constituent le socle argumentaire de l’APR : un héritage « brillant » désormais menacé.
C’est dans la critique du pouvoir en place que le SEN se montre le plus offensif. Qualifiant la défaite de mars 2024 d’événement qui « fait mal, très mal à notre pays », le texte passe en revue une série d’accusations graves :
Gestion politique : Dénonciation de l’« amateurisme » et de l’« aventurisme ».
Libertés : Accusations de « violence intégrale » et de « bâillonnement des Libertés démocratiques ».
Justice : Le communiqué fait état de l’« emprisonnement de Hauts Responsables de notre Parti », un point sensible qui alimente la tension politique depuis plusieurs mois.
Crise Institutionnelle : Le constat le plus alarmant est l’« affaissement de l’État de Droit » et la « faillite de la République ».
L’essentiel de cette déclaration n’est cependant pas tourné vers le passé, mais vers l’avenir. Le SEN appelle de ses vœux l’avènement d’une « Nouvelle Intelligence Politique » nécessaire pour mener les « grandes batailles à venir ».
Cet appel se traduit concrètement par un satisfecit adressé à la naissance et à la consolidation de « nouvelles Alliances politiques et stratégiques structurées », notamment autour du FDR (Front pour la Défense de la République). En capitalisant sur les inquiétudes qu’elle dit ressentir dans la classe politique, l’APR tente de se positionner comme le catalyseur de la nouvelle opposition, cherchant à fédérer toutes les forces critiques envers le régime actuel.
Le mot d’ordre pour les militants est clair : « reconstruire nos espérances trahies » et « restaurer le Croire », tout en rejetant le « Faire Croire » qui aurait plongé le pays dans l’illusion.
En célébrant ses 17 ans, l’APR ne se contente pas d’une rétrospective. Le parti lance un signal fort à ses troupes et à l’opinion : il est prêt à mener la contre-offensive. En s’appuyant sur l’aura de son fondateur et en jouant sur les thèmes de la dignité et de l’honneur face à l’adversité, le message final est celui de la détermination.
Le 1er décembre 2025 marque ainsi l’entrée de l’APR dans une phase de reconquête, où elle s’efforce de faire oublier la fin de son règne pour se muer en fer de lance d’une opposition républicaine, forte et structurée. « Nous vaincrons! » : un cri de ralliement qui annonce des débats politiques musclés dans les mois à venir.
