La récente arrestation de Moustapha DIAKHATÉ continue de susciter l’indignation et de relancer le débat sur la liberté d’expression et les fondements démocratiques au Sénégal. Aly BATHILY, Coordonnateur de la République des Valeurs/Réewum Ngor – France, a publié une déclaration cinglante, pointant du doigt un autoritarisme flagrant et dénonçant un « dialogue national » qu’il qualifie de « poudre aux yeux ». Au cœur de cette controverse : l’article 254 du Code pénal, que le camp du pouvoir aurait sciemment refusé d’aborder lors des récentes concertations.
L’Arrestation de Moustapha DIAKHATÉ : Symptôme d’un Autoritarisme Croissant ?
Pour Aly BATHILY, l’arrestation de Moustapha DIAKHATÉ, figure reconnue pour ses prises de position, n’est pas un acte isolé mais le reflet d’une dérive autoritaire. « Avec l’autoritarisme flagrant qui motive l’arrestation arbitraire de Moustapha DIAKHATÉ, je comprends mieux pourquoi le camp du pouvoir n’a pas voulu entendre évoquer, lors de son fameux dialogue, la suppression de l’article 254 du code pénal, » écrit-il, établissant un lien direct et accusateur entre l’événement et la posture du régime.
Cette accusation d’arbitraire n’est pas nouvelle dans le paysage politique sénégalais, où les interpellations de personnalités de l’opposition ou de critiques du pouvoir sont souvent perçues comme des tentatives d’intimidation ou de musellement. L’affaire DIAKHATÉ vient, selon BATHILY, renforcer cette perception.
L’Article 254 : Une « Lèse-Majesté » démocratique ?
Le point central de l’argumentaire d’Aly BATHILY réside dans la persistance de l’article 254 du Code pénal. Il rappelle la teneur de cet article : « « l’offense au Président de la République par l’un des moyens énoncés dans l’article 248 est punie d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de 100.000 à 1.500.000 francs ou de l’une de ces deux peines seulement. Les peines prévues à l’alinéa précédent sont applicables à l’offense à la personne qui exerce tout ou partie des prérogatives du Président de la République. » »
Pour BATHILY, l’existence et l’application d’une telle disposition dans une démocratie sont inacceptables. Il s’interroge : « Dans une démocratie qui se respecte, offenser un chef d’Etat dans le débat politique serait « un crime de lèse-majesté » ? » Cette interrogation rhétorique souligne le caractère désuet et antidémocratique qu’il attribue à cet article, le comparant à une notion monarchique qui n’a pas sa place dans un État de droit moderne. Il insiste sur le fait qu’il s’agit d’une notion « inexistante en l’espèce » dans un contexte démocratique.
Le « Dialogue » : Une « Poudre aux Yeux » ?
La critique d’Aly BATHILY s’étend également au récent « dialogue national » initié par le pouvoir. Si ce dialogue avait pour objectif affiché d’apaiser les tensions et de trouver un consensus sur des questions cruciales, le refus d’y aborder des sujets sensibles comme la suppression de l’article 254 est perçu par BATHILY comme une preuve de son inauthenticité. « Ce dialogue en réalité n’était que de la poudre aux yeux, » affirme-t-il, suggérant que l’exercice n’était qu’une façade pour masquer des intentions moins démocratiques et maintenir un statu quo favorable au pouvoir en place.
Un Appel Clair : « Baayi léen jaambur mu gnibbi keur’eum. Trop c’est trop ! »
L’article se conclut par un appel vibrant et direct en wolof : « Baayi léen jaambur mu gnibbi keur’eum. » Littéralement, « Laissez l’homme retourner chez lui. » Cette phrase, empreinte d’une forte charge émotionnelle et populaire, est une exigence de libération immédiate pour Moustapha DIAKHATÉ. Le cri final, « Trop c’est trop ! », exprime une lassitude et une exaspération face à ce qui est perçu comme une succession d’abus et une érosion des libertés.
La déclaration d’Aly BATHILY met en lumière les tensions persistantes entre l’exercice du pouvoir et les attentes démocratiques au Sénégal. Elle réactive le débat sur la pertinence de certaines lois héritées et sur la nécessité d’une véritable liberté d’expression dans le débat public. L’affaire DIAKHATÉ, portée par des voix comme celle d’Aly BATHILY, devient ainsi un test significatif pour la solidité des institutions démocratiques sénégalaises.