La capitale sénégalaise a accueilli, ce 2 juillet 2025 à l’Hôtel Fleur de Lys, un important atelier de renforcement des capacités des Organisations de la Société Civile (OSC) sur l’utilisation des statistiques de genre dans leur plaidoyer. Organisé par le Ministère de la Famille et des Solidarités, en partenariat avec ONU Femmes et l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), cet événement marque une étape importante vers un plaidoyer plus éclairé et une politique d’égalité homme-femme basée sur des données probantes.
Un engagement gouvernemental pour des politiques inclusives
Présidant la cérémonie d’ouverture au nom de Madame Maïmouna DIEYE, Ministre de la Famille et des Solidarités, Monsieur Omar SAMB, Conseiller Technique, a souligné l’importance stratégique de cet atelier. Il a insisté sur le rôle essentiel des données dans la mise en œuvre de la politique d’équité et d’égalité homme-femme au Sénégal, affirmant que la Stratégie Nationale pour l’Équité et l’Égalité de Genre (SNEEG 2) doit s’appuyer sur des « évidences de qualité ».
Cet atelier s’inscrit dans la phase 2 du Projet « Les Femmes Comptent (PLFC) », une initiative qui a déjà permis d’intégrer une composante genre dans la Stratégie Nationale de Développement de la Statistique (SNDS III et IV). Monsieur SAMB a salué la « collaboration fructueuse et diversifiée » avec ONU Femmes et l’ANSD, faisant de la disponibilité des statistiques genre une « priorité éminemment stratégique » pour le gouvernement. Il a rappelé la vision du Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE de bâtir un Sénégal « juste et prospère d’ici 2050 », avec l’inclusion comme « marqueur des politiques publiques ».
Le Sénégal a déjà franchi des étapes significatives dans la production de statistiques genre, notamment sur les violences basées sur le genre, l’accès des filles à l’école, l’entrepreneuriat féminin, et le travail différencié des hommes et des femmes. Des études approfondies sur les violences faites aux femmes et filles, ainsi que sur l’environnement et le genre, sont en cours, promettant d’enrichir davantage le plaidoyer des OSC par des « propositions concrètes quantifiées ».
L’ANSD et ONU Femmes : piliers de la production et de l’utilisation des données
Madame GUÈYE Maguette Sarr, représentante de l’ANSD, a réaffirmé l’engagement de l’Agence à produire, diffuser et exploiter des données désagrégées par sexe et sensibles au genre. Elle a souligné que ces données ne sont pas de simples chiffres, mais les « fondements d’un plaidoyer éclairé, rigoureux et orienté vers l’impact ». L’ANSD accorde une attention particulière à l’amélioration continue des systèmes d’information statistiques, en collaboration étroite avec les OSC, « acteurs de terrain, proches des communautés, capables de traduire les réalités vécues en revendications légitimes et structurées ».
Monsieur Abdou Karim DIOUF, représentant de la Directrice de l’ONU FEMMES, a insisté sur le pouvoir des statistiques de genre comme « levier puissant pour renforcer les sociétés en rendant visibles les inégalités souvent ignorées ou normalisées ». Il a rappelé que les OSC jouent un rôle irremplaçable en tant que « relais et porte-voix pour les populations les plus vulnérables ». L’initiative « Women Count », mise en œuvre avec l’ANSD et la Direction de l’Équité et de l’Égalité des Genres, a permis d’impulser une dynamique nationale autour de la production et de l’utilisation stratégique des données de genre. Il a également noté la présence d’une délégation du Niger, venue s’inspirer de l’expérience sénégalaise.
La Direction de l’Équité et de l’Égalité des Genres : au cœur de l’action
Madame Astou Diouf GUEYE, Directrice de l’Équité et de l’Égalité des Genres (DEEG) au Ministère de la Famille et des Solidarités, a précisé que cet atelier répond à une « vieille demande des organisations de la société civile », qui ont très tôt compris l’importance des statistiques dans leur travail de plaidoyer et dans l’élaboration des politiques publiques. « On ne peut pas faire aujourd’hui des politiques publiques sans les axer sur des évidences, sur des données probantes qui montrent la réalité des faits », a-t-elle martelé.
Elle a souligné que la politique de genre « influence les autres politiques publiques » et que « toutes les politiques publiques doivent être sensibles aux genres ». Le gouvernement s’engage à intégrer systématiquement le genre dans ses politiques, car c’est une approche de développement qui permet de prendre en charge les besoins de chaque catégorie sociale.
Madame GUEYE a confirmé que le Niger est venu au Sénégal pour s’inspirer de l’expérience sénégalaise, notamment l’intégration d’une composante genre dans la stratégie nationale de développement de la statistique en 2021 et la mise en place d’un comité multipartite sur les statistiques de genre. La mission du Ministère de la Famille est également d’assurer l’animation, l’appropriation et la vulgarisation de ces données.
Vers un langage commun et des actions concrètes
Cet atelier, qualifié de « stratégique » et « essentiel », vise à outiller les OSC pour qu’elles puissent analyser, interpréter et utiliser les statistiques de genre, enrichissant ainsi leurs outils de plaidoyer. « Sans des données, il n’y a pas de diagnostic fiable, sans les statistiques désagrégées par sexe et sur d’autres variables sexospécifiques pertinentes, il n’y a pas de vérité sur les inégalités, sans preuves, il n’y a pas de plaidoyer solide et structurant », a rappelé le conseiller technique du ministre de la Femme et des Solidarités.
En conclusion, Monsieur SAMB a invité les participants à tirer le meilleur profit de cette formation, à « construire ensemble un langage commun autour des données et à transformer ces connaissances en actions concrètes pour que chaque chiffre porte une cause et que chaque statistique soit un levier de justice sociale ». Cette initiative marque un pas de plus vers une gouvernance plus transparente et inclusive au Sénégal, où les chiffres deviennent des voix pour l’égalité.
Retrouvez les différentes déclarations sur la vidéo ci-dessous.