🔴VIDÉO–600 MILLIONS D’AFRICAINS SANS ÉLECTRICITÉ : LA COMMISSION AFRICAINE DE L’ÉNERGIE LANCE SON DIAGNOSTIC SUR LES SYSTÈMES D’INFORMATION ÉNERGÉTIQUE
Dakar accueille depuis le 17 décembre un événement majeur consacré aux statistiques de l’énergie en Afrique. La Commission africaine de l’énergie procède au lancement officiel de son rapport diagnostique portant sur l’amélioration et la mise en place de systèmes d’information énergétique dans 16 États membres de l’Union africaine, ainsi qu’au sein de deux communautés régionales. Nougbodohoue Samson, chef de la division du système d’information énergétique et des statistiques à la Commission africaine de l’énergie, explique les enjeux de cette initiative qui se poursuivra jusqu’au 19 décembre à l’hôtel Azalaï.
L’absence de données fiables constitue un obstacle majeur au développement énergétique du continent. « Les statistiques de l’énergie sont très importantes, mais malheureusement, les pays ne sont pas toujours dotés de statistiques fiables pour permettre la planification, le suivi et l’évaluation des différents programmes et projets de développement énergétique », constate Nougbodohoue Samson. Cette lacune compromet directement la capacité des gouvernements africains à mesurer leurs progrès et à ajuster leurs stratégies.
L’enjeu est particulièrement aigu concernant l’accès à l’électricité. Environ 600 millions de personnes en Afrique n’ont pas un accès suffisant à l’énergie, un chiffre alarmant mais insuffisamment ventilé par pays et région. « Si ces 600 millions de personnes sont où ? Combien n’en avons-nous par pays ? », s’interroge le responsable de la Commission. Cette absence de granularité des données empêche une véritable évaluation des taux d’accès à l’énergie et rend difficile la mesure des efforts consentis par les gouvernements. « Les gouvernements font beaucoup d’efforts, mais le problème, c’est que nous n’avons pas de statistiques fiables pour pouvoir suivre ces efforts », explique-t-il.
Le Sénégal figure parmi les 16 pays bénéficiant d’un appui particulier dans ce projet. L’objectif consiste à mettre en place des systèmes de collecte de données permettant de déterminer précisément le nombre de personnes dépourvues d’accès à l’électricité dans chaque département et région du pays. Cette approche localisée se décline à l’ensemble des 16 États soutenues, lesquels incluent également les États membres relevant de la Communauté des États de l’Afrique centrale et de la Communauté économique régionale des États de l’Afrique australe.
Bien que l’initiative cible actuellement 16 États, l’ambition de la Commission africaine de l’énergie s’étend à l’ensemble des 55 pays membres de l’Union africaine. L’urgence de disposer de données fiables est soulignée par les engagements mondiaux, notamment l’Agenda 2030 des Nations Unies, dont l’un des objectifs concerne spécifiquement l’énergie. Or, « au niveau de l’Union africaine, pour la planification et le suivi de cet objectif, nous avons des problèmes pour les données », note Nougbodohoue Samson.
Cette rencontre de trois jours revêt un caractère hautement politique. Aux côtés des coordonnateurs pays, la Commission a mobilisé les secrétaires permanents et secrétaires généraux des ministères en charge de l’énergie des 16 États. Cette présence au plus haut niveau administratif vise à faciliter l’appropriation des résultats et des recommandations par les gouvernements.
Les plans d’action présentés s’articulent autour de deux axes majeurs : le renforcement des capacités institutionnelles et la création de départements dédiés aux statistiques énergétiques au sein des ministères. « Nous attendons que les secrétaires généraux des ministères présents ici prennent l’engagement ferme de mettre en place ces plans d’action sur cinq ans avec des objectifs clairs et des résultats tangibles », déclare Nougbodohoue Samson.
L’enjeu dépasse la seule dimension statistique. En dotant les États africains d’outils de mesure fiables et comparables, la Commission contribue à renforcer la gouvernance énergétique du continent et à améliorer la prise de décision en matière de planification et d’investissements. Pour les 16 pays engagés dans ce processus, il s’agit d’une première étape décisive vers des systèmes d’information énergétique fonctionnels et durables.
Retrouvez sur la vidéo ci-dessous, les réactions de SAMSON et Mamadou DIOUF, chef du bureau des statistiques à la direction de la planification, des études et du suivi évaluation du ministère de l’énergie du Sénéga.. M. DIOUF s’est exprimé en langue nationale Wolof.
