Réuni en atelier de planification stratégique ce jeudi à l’Axil Hôtel, la PACTEJ (Plateforme des Acteurs de la Société Civile pour une Transition Énergétique Juste) a jeté les bases opérationnelles de son engagement pour la décennie à venir. Cette rencontre a rassemblé les représentants des organisations constitutives de la plateforme, des experts du secteur de l’énergie et du climat, ainsi que des partenaires techniques et institutionnels.
Un bilan encourageant, des défis à relever
Dr. Fatima DIALLO, coordinatrice de la plateforme, a souligné le parcours parcouru depuis la création du PACTEJ en tant que cadre national de dialogue et de coordination des acteurs non étatiques. « Nous avons joué un rôle fondamental en tant qu’acteur de veille apportant une contribution scientifique, tout en mobilisant les communautés et les acteurs territoriaux, notamment les collectivités locales, dans les processus de transition énergétique juste », a-t-elle déclaré, mettant l’accent sur la contribution déterminante de la plateforme dans l’élaboration et la mise en œuvre du Partenariat pour une Transition Énergétique Juste (JETP).
Signé en juin 2023 avec le Groupe des Partenaires Internationaux, ce partenariat représente un investissement de 2,5 milliards d’euros destiné à soutenir le Sénégal dans son ambition d’atteindre 40% d’énergies renouvelables dans son mix électrique d’ici 2030.
Des inquiétudes légitimes face à l’exploitation pétro-gazière
Cependant, les acteurs de la société civile demeurent préoccupés par les enjeux structurels de la transition énergétique sénégalaise. Dr. DIALLO a exprimé des réserves quant aux ambitions réelles de l’État en matière de transition, surtout « dans le contexte où le Sénégal est en train d’exploiter ses ressources pétro-gazières ». Les communautés subissent déjà les externalités négatives de cette exploitation et craignent que les erreurs commises dans le secteur extractif ne se reproduisent lors du déploiement des énergies renouvelables.
« Le gouvernement devra anticiper les impacts, notamment en termes de remise en cause des droits fonciers, des impacts environnementaux et des transitions professionnelles pour les travailleurs du secteur », a averti la coordinatrice de la plateforme.
L’urgence d’une mise en œuvre accélérée
Le PACTEJ demande une cadence beaucoup plus soutenue dans la mise en œuvre des stratégies relatives à la transition énergétique. Dr. DIALLO a souligné que la validation rapide des documents stratégiques essentiels est indispensable pour que la transition énergétique devienne une réalité tangible. Cette urgence s’étend également aux processus liés à la Contribution déterminée au niveau national (CDN) du Sénégal.
Transparence et accès à l’information : des piliers essentiels
Le PACTEJ appelle à une transparence accrue et à un partage d’informations systématique concernant l’ensemble des stratégies énergétiques. « Nous voulons beaucoup plus de transparence, de partage d’informations autour de l’ensemble de ces stratégies », a insisté Dr. DIALLO, qui salue l’adoption récente de la loi d’accès à l’information par le Sénégal. Cette loi sera mobilisée par les organisations de la société civile pour faciliter la transparence des processus décisionnels.
L’accès à l’information doit également être garanti aux communautés elles-mêmes, « premiers bénéficiaires de la plupart des projets découlant de ces stratégies ».
Un plan opérationnel pour 2026
L’atelier de ce jeudi a abouti à la déclinaison des priorités stratégiques du PACTEJ et à l’élaboration d’un plan d’actions opérationnel assorti d’indicateurs précis. Ces résultats seront mis en œuvre dès le début de l’année 2026.
Le PACTEJ réaffirme son engagement à accompagner les initiatives gouvernementales tout en levant les préoccupations des communautés. La plateforme se positionne comme un producteur de données scientifiques et de connaissances, tout en facilitant l’appropriation sociale des stratégies déployées par l’État et ses partenaires internationaux.
L’enjeu demeure de taille : concilier ambitions climatiques, justice sociale et inclusion communautaire dans un contexte où le Sénégal doit simultanément gérer la transition de son secteur énergétique et les enjeux liés à l’exploitation pétro-gazière.
Retrouvez la réaction du Dr DIALLO sur la vidéo ci-dessous.
