🔴VIDÉO–OPTIMISME POST-ÉLECTIONS ET PRÉOCCUPATIONS PERSISTANTES : LES ENSEIGNEMENTS DU ROUND 10 DE L’ENQUÊTE AFROBAROMETER AU SÉNÉGAL
Plus d’un an après l’accession du président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE au pouvoir, un vent d’optimisme souffle sur le Sénégal, mais des défis économiques tenaces persistent dans le cœur des citoyens. C’est ce qui ressort principalement de la présentation des résultats de l’enquête Afrobarometer (Round 10) organisée ce mardi 6 mai 2025 par le Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES). L’étude, menée entre le 9 février et le 9 mars 2025, offre un éclairage précieux sur les perceptions et les attentes des Sénégalais concernant la gouvernance, l’économie et les enjeux sociaux.
L’atelier, qui s’est tenu aux Résidences Mamoune, a réuni des experts, des représentants de la société civile et des acteurs étatiques pour décortiquer les données recueillies.
Le Professeur Abdoulaye DIAGNE, directeur du CRES, a ouvert les discussions en soulignant l’objectif de l’enquête : « donner une image […] de l’opinion des Sénégalaises et des Sénégalais sur toute une série de questions relatives à la gouvernance, relatives à la situation économique et sociale du pays, y compris les aspects politiques, les aspects sociaux. »
Les premiers enseignements tirés par le CRES révèlent une hausse significative de l’optimisme au sein de la population, (67%) concernant la situation économique et politique du pays. « Pour le moment, nous avons vu qu’en ce qui concerne, par exemple, la perception de la situation économique, la situation politique, il y a des attentes positives qui sont exprimées par les populations. On constate que l’optimisme est devenu plus fort qu’avant », a déclaré le Professeur DIAGNE.
Cependant, cette vague d’espoir ne balaye pas toutes les préoccupations. Le coût de la vie reste une angoisse prégnante pour de nombreux Sénégalais. « Maintenant, vous avez aussi des indicateurs qui n’ont pas beaucoup bougé, comme par exemple le coût de la vie, qui constitue encore une préoccupation des populations », a précisé le directeur du CRES.
La question de la corruption a également été scrutée par l’enquête. Si elle n’arrive pas en tête des préoccupations spontanées exprimées par les citoyens – où le coût de la vie et l’emploi dominent –, elle n’en demeure pas moins un sujet sensible. « La question qui a été posée aux personnes interviewées, c’est de donner les trois principales préoccupations qu’elles ont. Et en général, c’est le coût de la vie qui arrive en première position, suivi des questions d’emploi. Ce qui fait que la lutte contre la corruption arrive souvent en troisième ou quatrième position. Et si vous agrégez toutes ces réponses, vous avez la corruption qui n’occupe pas la place […] qu’elle aurait dû occuper. Mais vous avez vu dans les résultats tout à l’heure que la corruption dans les administrations publiques constitue une préoccupation très forte des populations », a expliqué le Professeur DIAGNE.
Face à certaines interrogations sur la méthodologie et la légalité de l’enquête, le directeur du CRES a rappelé la longue tradition de l’Afrobarometer au Sénégal, menée depuis 2002 avec l’aval des autorités compétentes. Il a également noté une tendance historique d’un optimisme initial fort après un changement de régime, qui tend à s’éroder avec le temps, exprimant l’espoir que la présente alternance dérogera à cette règle.
L’importance des données de l’Afrobarometer pour l’action gouvernementale a été soulignée par Monsieur Hamet DIA, directeur de cabinet du ministre de l’emploi, du travail et des relations avec les institutions. « En fait, cette enquête est d’une importance majeure pour l’État, parce que nous avons besoin de savoir exactement ce dont les populations ont besoin », a-t-il affirmé. Il a insisté sur la nécessité d’une allocation judicieuse des ressources, en particulier dans le contexte de contraintes budgétaires et d’endettement. « Il est très important que chaque ressource mobilisée soit très bien allouée. Donc, il est important de savoir quels sont les problèmes des populations et d’essayer d’amener des solutions adéquates par rapport à ces problèmes de manière efficiente. »
L’enquête Afrobarometer Round 10 offre ainsi un instantané crucial de l’opinion publique sénégalaise à un moment charnière. Si l’optimisme post-électoral est palpable, les défis socio-économiques, notamment le coût de la vie et la corruption, nécessiteront une attention soutenue de la part des nouvelles autorités pour répondre aux attentes de la population. Les données recueillies par le CRES constituent un outil précieux pour éclairer les politiques publiques et assurer une allocation des ressources alignée sur les besoins réels des citoyens.
Retrouvez sur la vidéo ci-dessous les réactions successives du professeur Abdoulaye DIAGNE et du directeur de cabinet Hamet DIA.
