La mort malheureuse de l’étudiant Fallou Sène est un dommage collatéral du désastre financier actuel. Des politiques aberrantes ont fini d’installer le Sénégal dans l’œil du cyclone. Et le pire est à venir, craint-on.
Cette fois-ci, l’astuce routinière du président qui ne comprend pas pourquoi ses instructions de payer les bourses le cinq de chaque mois ne sont pas respectées, n’a pas l’effet escompté. Car les Sms envoyés aux étudiants ont prouvé que la décision de décaisser l’argent des bourses est postérieure au drame de Sanar.
Le président ne peut en aucun cas ignorer la vérité sur les décisions de décaissement, ses ministres encore moins. Le Sénégal est dans la situation de cette famille où l’invité, le représentant du Fmi, fixe la dépense quotidienne, ou plutôt hebdomadaire. Et le chef de cette famille mise en tutelle n’a pas d’autre arme que l’exhortation ou la tromperie pour faire prendre en charge ses urgences.
Le hasard n’est qu’apparent quand cet accident mortel intervient quelques jours seulement après le constat, par une mission du Fmi, que « les tensions budgétaires se sont encore accentuées du fait de recettes inférieures aux anticipations et des augmentations de la masse salariale, des charges d’intérêts et des dépenses de sécurité ».
En clair, l’incapacité de financer les dépenses prévues au budget et la faillite que les observateurs attentifs ont sans cesse indexée et que le gouvernement a toujours vigoureusement niée.Le même communiqué du Fmi annonce l’adoption d’un plan d’urgence qui « comprendra des mesures pour accélérer les réformes de la politique fiscale, maîtriser les dépenses d’investissement non prioritaires, et contenir les dépenses courantes ». Immédiatement, de nouvelles taxes douanières sont décidées, entraînant une hausse imminente des prix de certaines denrées de première nécessité en ce début de Ramadan.
Quand en 1993, le président Diouf a engagé la mise en œuvre d’un plan d’urgence de ce type, il eut la décence d’en informer les Sénégalais en soumettant une loi de finances rectificative aux députés. C’est là une obligation légale que le président Sall ne respectera probablement pas, si l’on s’en tient aux commentaires officiels qui essaient de faire croire que la mission du Fmi se serait limitée à « féliciter le gouvernement ».
Maquillage et mystification.Un pouvoir incapable de dire la vérité à ses mandants est inapte au dialogue, à la recherche de solutions concertées et intelligentes. Il n’a pas d’autre choix que la nullité et la nudité de la violence policière et milicienne. Comme le 19 avril. Comme le 15 mai. Mais ce choix mortifère est lui-même un piège mortel. Car personne ne peut tromper et dompter tout un peuple tout le temps.
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal
