JUSTICE POUR LES TAXIS URBAINS: LE TRIBUNAL DE DAKAR DÉBOUTE LES CHAUFFEURS, LA TENSION MONTE D’UN CRAN
La salle d’audience du Tribunal de Dakar a rendu aujourd’hui une décision qui secoue le monde du transport urbain sénégalais. Dans le très attendu procès opposant le Regroupement des taxis urbains du Sénégal (RTUS) aux géants des VTC, Yango, Yassir et Heetch, la justice a tranché en défaveur des artisans taxis. Le tribunal n’a pas reconnu le préjudice de concurrence déloyale et de transport illégal dénoncé par les plaignants, laissant un sentiment d’amertume et de combativité chez des milliers de chauffeurs.
Un Verdict Froid, une Déception Brûlante
Dès les premières heures de la matinée, une foule fébrile de chauffeurs de taxis s’était massée aux abords du palais de justice, espérant une victoire décisive après des mois de bataille juridique. Le RTUS avait porté plainte contre les plateformes multinationales pour « concurrence déloyale, transport illégal et escroquerie », arguant que ces applications opèrent en violation des réglementations nationales et menacent la survie de leur profession.
La délibération, tombée comme un couperet, a douché leurs espoirs. Le tribunal a estimé que les faits reprochés n’étaient pas suffisamment caractérisés pour condamner les plateformes, une décision qui, de fait, légitime leur modèle économique aux yeux de la loi.
« Nous Sommes Victimes » : Le Cri du Cœur des Taxis
La réaction ne s’est pas fait attendre. Visiblement abattu mais combatif, Khadim DIENG, porte-parole du jour pour le RTUS, a fait face à la presse avec des mots forts. « Nous avons fait confiance à la justice de notre pays. Mais nous sommes victimes, » a-t-il lancé, entouré de ses camarades. « Tout le monde sait que ce que font ces plateformes est illégal. La preuve, chaque jour, leurs chauffeurs se font arrêter par la police. Il ne peut y avoir deux formes de justice. »
Pour M. DIENG et les siens, le jugement est une pilule amère, perçue comme la protection de « multinationales renforcées par leurs pays » au détriment de « pères de famille sénégalais » dont le transport est l’unique gagne-pain.
La Bataille ne Fait que Commencer
Loin de se résigner, le Regroupement des taxis urbains a immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette décision. Plus encore, il promet une escalade du mouvement de protestation. « Nous allons passer à la vitesse supérieure, » a prévenu Khadim DIENG. « Nous continuerons à venir au tribunal, mais nous allons aussi continuer à faire des manifestations. »
Un appel a été lancé à l’ensemble des acteurs du transport – taxis, transports de bagages, et même les « cars rapides » interurbains – à rejoindre la lutte. « Dès qu’ils finissent avec les taximen, ils vont attaquer les autres. Ils sont déjà dans la livraison, » a-t-il alerté, soulignant la stratégie d’expansion des plateformes qui menace, selon lui, de « mettre à l’écart tous les Sénégalais ».
Le bras de fer entre les taxis traditionnels et les applications de VTC est loin d’être terminé. Si la justice a rendu son verdict en première instance, la rue, elle, pourrait devenir le prochain tribunal où se jouera l’avenir du transport urbain au Sénégal. La promesse de nouvelles manifestations fait craindre une paralysie de la capitale dans les semaines à venir.
