Pour sa première sortie officielle, la nouvelle Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Madame Yassine FALL, a frappé un grand coup en se rendant à la Maison d’Arrêt de Rebeuss, symbole de la crise carcérale au Sénégal. Face à une surpopulation explosive et des conditions de détention indignes, elle a annoncé une série de mesures fortes, marquant une volonté de rupture avec l’inaction passée et l’ouverture d’une nouvelle ère pour la justice sénégalaise.
Un constat accablant, une « atteinte à la dignité humaine »
Le choix de Rebeuss pour cette première visite n’a rien d’anodin. Avec plus de 3000 détenus pour une capacité théorique de 800 places, l’établissement est l’emblème d’un système pénitentiaire à bout de souffle. « Cette situation constitue une atteinte à la dignité humaine et un frein à l’efficacité de notre politique pénale, » a déclaré la Ministre avec fermeté devant la presse.
S’appuyant sur les rapports accablants d’organes de contrôle nationaux et internationaux, Madame Yassine FALL a pointé du doigt une « inaction prolongée ». Elle a rappelé un fait saisissant : « Depuis l’indépendance de notre pays, aucune nouvelle prison n’a été construite ». La Garde des Sceaux n’a pas hésité à qualifier de « véritable scandale de prévarication sur fonds publics » l’échec du projet de construction d’un nouvel établissement pénitentiaire sous le précédent gouvernement.
Quatre mesures chocs pour une justice plus humaine et efficace
Loin de se contenter d’un simple constat, la Ministre est venue « non seulement pour constater, mais aussi pour agir ». Elle a ainsi dévoilé un plan d’action en quatre axes, visant à apporter des réponses concrètes et rapides à la crise.
Priorité aux alternatives à l’incarcération : Pour les délits mineurs, le recours à des mesures comme la médiation pénale, le travail au bénéfice de la société ou encore le bracelet électronique sera élargi et renforcé. L’objectif est de désengorger les prisons en évitant l’incarcération lorsque celle-ci n’est pas indispensable.
Aménagement systématique des peines : Une attention particulière sera portée aux détenus malades, âgés ou en fin de peine. L’aménagement des peines, que ce soit au moment du jugement ou en cours d’exécution, sera systématisé « chaque fois que cela est juridiquement et humainement possible ».
Activation de la grâce présidentielle : En accord avec le Président de la République, Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, la procédure de grâce présidentielle sera activée « afin de désengorger rapidement les établissements pénitentiaires sur l’ensemble du territoire ».
Relance de la construction de prisons : Le projet de construction d’un nouvel établissement pénitentiaire moderne est remis sur les rails. La Ministre a promis un processus transparent et rigoureux, sous un contrôle strict des autorités compétentes pour éviter les dérives du passé.
Fermeté face aux crimes graves
Si la Ministre a insisté sur la nécessité d’une justice « humaine et réparatrice », elle a tenu à être « parfaitement claire » : cette main tendue ne concernera pas la grande criminalité. Aucune indulgence ne sera accordée pour les crimes de sang, les atteintes graves à l’intégrité des personnes et la prévarication des deniers publics. Pour ces faits, « la répression sera pleine, entière et assumée », a-t-elle martelé, réaffirmant l’intransigeance de l’État face aux transgressions des valeurs fondamentales de la société.
Cette première visite de Madame Yassine FALL marque un tournant. En s’attaquant de front au dossier brûlant de la surpopulation carcérale, la nouvelle Garde des Sceaux envoie un signal fort. Elle engage non seulement une course contre la montre pour améliorer les conditions de détention, mais aussi une profonde réforme de la politique pénale, avec l’ambition de faire de la prison « un espace de réinsertion, d’espoir et de deuxième chance ». Les prochains mois seront décisifs pour la concrétisation de ces annonces prometteuses.