Une récente subvention accordée par l’Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME) à des entreprises de presse sénégalaises a suscité une réaction du Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS). Selon un communiqué de presse du CDEPS daté du 3 mai 2025, cette subvention, bien qu’accueillie favorablement, met en lumière des tensions persistantes entre les acteurs de la presse et le ministère de la Communication.
Le CDEPS, dans son communiqué, « se félicite de l’appui » de l’ADEPME, soulignant que cette initiative « représente un véritable souffle de relance pour des entreprises en difficulté depuis près d’un an ». La subvention, octroyée à douze entreprises de presse dans le cadre du Programme d’appui à l’accélération industrielle, à la compétitivité et à l’emploi (PAAICE), est financée par la Banque Africaine de Développement (BAD). Le CDEPS précise que le processus d’accompagnement a débuté en octobre 2024, impliquant des discussions tripartites entre le patronat de presse, l’ADEPME et les cabinets Ibrahima Touré (ITO) et Alioune Touré (ATO).
Un point important soulevé par le CDEPS est la nature du financement. Le communiqué indique que le financement de l’ADEPME entre dans le cadre de son portefeuille « Fonds à frais partagés » et porte sur 75% de la subvention totale. Les entreprises bénéficiaires doivent, selon « l’article 3 de la Convention », libérer leur quote-part de 25% avant de recevoir les fonds. Le CDEPS insiste sur le fait qu' »aucun fonds n’a pour l’heure été versé aux entreprises tant que les 25% ne sont pas mobilisés et consommés ».
Le CDEPS exprime sa « profonde gratitude » à l’ADEPME, qui a reconnu le rôle crucial des médias dans l’économie nationale. Cependant, le communiqué dénonce fermement toute tentative de récupération politique de cette initiative. Le CDEPS affirme qu' »à aucun moment, le ministère de la Communication ne s’est impliqué dans le processus de cette initiative » et dénonce « une tentative de récupération malveillante, motivée par la volonté manifeste de manipuler l’opinion et de discréditer les responsables d’entreprises de presse ».
Le communiqué du CDEPS critique vivement l’action du ministère de la Communication, accusant ce dernier de « contribuer à fragiliser davantage les entreprises de presse ». Le CDEPS rappelle que « depuis sa prise de fonction, M. Alioune Sall n’a jamais procédé à la distribution du Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP) ». De plus, le CDEPS accuse le ministère d’avoir « volontairement ralenti la procédure » en 2024, entraînant le reversement du budget alloué au FADP au Trésor public. Le CDEPS précise que ce montant peut être récupéré via « une loi de finances rectificative ».
Enfin, le CDEPS informe l’opinion publique que ses avocats ont déposé, le « vendredi 2 mai 2025 », un recours en référé à la Cour suprême concernant les assignations de « cessation immédiate de parution ou de diffusion ». Le CDEPS prévoit également d’attaquer « dans le fond l’arrêté du ministre de la Communication ».
Ce communiqué du CDEPS révèle une situation complexe, marquée par un soutien financier bienvenu de l’ADEPME, mais aussi par des tensions persistantes entre les médias et le ministère de la Communication, notamment concernant la gestion du FADP et des réformes jugées précipitées.