LE TOURISME TERRITORIAL : QUAND CHAQUE TERROIR DEVIENT UNE ÉTOILE DANS LE CIEL SÉNÉGALAIS (Par Dr Boubacar FALL)

Le Sénégal, terre de Teranga et carrefour de civilisations, cherche aujourd’hui à sortir des sentiers battus du tourisme classique. Trop longtemps, l’image du pays s’est résumée aux plages de la Petite-Côte, à l’île de Gorée et au safari photographique de Niokolo-Koba. Des cartes postales certes séduisantes, mais réductrices. Or, un pays ne rayonne pas uniquement par ses clichés, mais par sa capacité à faire parler la pluralité de ses territoires.

C’est là que s’impose la stratégie du tourisme territorial, ce pari audacieux qui consiste à donner à chaque région, à chaque terroir, la chance de raconter son histoire et de séduire le monde.

Quand le terroir devient destination

De Saint-Louis, vieille dame au charme colonial qui danse encore au rythme du jazz, à la Casamance, ce jardin d’Éden où les bolongs murmurent à l’oreille des voyageurs, le Sénégal a de quoi enivrer les sens. Mais ces richesses restent trop souvent en jachère, faute d’une politique résolument tournée vers la décentralisation touristique.

Le tourisme territorial invite à changer de prisme : il ne s’agit plus d’amener tout le monde vers Dakar et Saly, mais de faire rayonner chaque terroir comme une étoile à part entière. Imaginez un circuit qui mêle les dunes de Lompoul, les marigots du Saloum, les collines de Kédougou et les figures spirituelles de Touba : voilà un voyage qui ferait battre le cœur des visiteurs au rythme de nos propres terroirs.

L’enjeu : sortir de la centralisation et donner aux régions leur mot à dire

Trop souvent, les décisions touristiques se dessinent dans les bureaux dakarois, loin des réalités locales. Le tourisme territorial est une invitation à inverser la logique : mettre les communautés au centre. Que le pêcheur de Palmarin, la fileuse de coton de Kolda ou le griot de Tambacounda deviennent les véritables ambassadeurs de notre hospitalité.

Car au-delà des hôtels de luxe, ce que cherchent les touristes modernes, c’est l’authenticité : partager un plat de yassa dans une case, apprendre une danse traditionnelle sous un fromager, écouter un conte à la tombée du soir. C’est cette expérience vivante qui fidélise, bien plus que les brochures glacées.

Le rayonnement du Sénégal passe par ses terroirs

Soyons lucides, le Sénégal n’a pas besoin d’imiter les gratte-ciel de Dubaï ni les mégacomplexes de Las Vegas. Mais il possède mieux: une âme territoriale. Et si nous savons l’exploiter intelligemment, ce sera notre plus belle arme de séduction.

Chaque région, chaque terroir, peut devenir une vitrine. La Casamance, joyau écologique ; Saint-Louis, mémoire coloniale ; Touba, capitale spirituelle ; le Saloum, havre de biodiversité. Additionnées, ces perles composent un collier touristique unique, capable de rivaliser avec les destinations les plus en vue du continent.

Un avenir qui se construit avec les populations

Le tourisme territorial n’est pas une utopie romantique, c’est une stratégie concrète pour créer des emplois, retenir les jeunes dans leurs terroirs et faire briller l’image du Sénégal dans le monde. Mais au fond, c’est plus que cela. C’est un moyen de montrer que le Sénégal est un pays qui se vit, pas seulement qui se visite.

En donnant la parole aux terroirs, c’est la voix du peuple que l’on fait entendre. Et c’est cette voix, faite de chaleur, de résilience et de dignité, qui fera du Sénégal une destination unique.

Comme le disait Thomas Cook le père du tourisme : «Le vrai voyageur n’emporte pas que des souvenirs, il emporte des visages et des histoires».
Et au Sénégal, chaque terroir est un livre ouvert qui n’attend qu’à être lu.

Dr Boubacar FALL
Psychosociologue
Analyste des Relations Internationales et Géostratégique

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