La rencontre de haut niveau entre le Premier ministre Ousmane SONKO et quinze (15) organisations professionnelles du secteur privé national reste une nouvelle rafraîchissante pour tous les croisés d’un Sénégal inclusif et résolument tourné vers le développement, la création de richesses partagées et le progrès collectif. Véritable exercice de Brainstorming, la réunion a permis de mettre à plat les lourdes contraintes qui plombent actuellement l’économie nationale à travers les misères de ceux qui incarnent la production au quotidien de biens et services dans des conditions souvent désastreuses.
Contrairement à une certaine perception, sorte d’image d’Epinal, ces privés sénégalais ne roulent pas sur l’or. Au contraire, ils vivent par exemple avec l’espoir qu’un jour ou l’autre, la sempiternelle dette intérieure, disons ces créances que l’Etat leur doit encore, seront enfin apurées. Rien que pour le secteur stratégique du BTP, ce sont des centaines de milliards qui doivent être payés aux entreprises. Justement à ce propos, il semble que les acteurs du privé ont bénéficié de l’oreille attentive de leur hôte du mercredi 20 août 2025. À en croire le Premier ministre Ousmane SONKO au plus tard dans les deux prochaines années, l’Etat travaille dans la perspective de ne plus traîner une quelconque dette intérieure. En attendant, il faut faire face aux urgences et faire preuve d’ingéniosité pour trouver les moyens de liquider ces sommes importantes. Une question de survie pour les acteurs économiques.
Tout de même, il faudrait s’attarder un peu sur le nombre pléthorique d’entités qui faisaient face au Premier ministre. Pêle-mêle, on a dénombré pas moins de 15 organisations d’employeurs. Il s’agissait du CNP de Baydi AGNE, la CNES d’Adama LAM, le CIS d’Atépa, le MDES de Mbagnick DIOP, le CDES, le GES, Unacois –Jappo, Unacois-Yessal, le CNE, l’UFCE, la CCIAD, l’UNCCIAS, l’UNCM, l’ACIS et le CNCR. Excusez du peu !
Cet émiettement du secteur privé national est une véritable faiblesse pour le patronat. En France, l’évocation du seul MEDEF apporte de la confiance et de la crédibilité au discours des Employeurs. On comprend alors le plaidoyer fort de Pierre Goudiaby Atépa le Boss du club des Investisseurs sénégalais(CIS) qui a publiquement émis l’idée d’un Haut Conseil du secteur privé national (HCSP), un cadre de concertations qui donnera davantage de poids et rendra plus audible la voix des patrons sénégalais. Un célèbre adage le dit avec force : « Seul, on va plus vite et ensemble nous allons plus loin ».
Ainsi donc le gouvernement semble impliquer enfin le secteur privé national dans la mise en œuvre du Plan de redressement économique et social (PRES). Une initiative qui tombe à pic pour des Sénégalais victimes de la forte concurrence des Chinois, des Turcs ou encore des Marocains dans plusieurs secteurs stratégiques de l’économie. Cette synergie qui se décline sous la forme d’un nouveau contrat de confiance avec l’actuel pouvoir augure de résultats positifs en vue de l’atteinte d’une réelle souveraineté économique.
Aujourd’hui, les privés nationaux sont attendus sur le terrain de la transformation économique, la relance de l’investissement privé et la création d’emplois massifs notamment pour les jeunes. Même s’ils déplorent vivement la non tenue depuis une dizaine d’années du conseil présidentiel sur l’investissement.
Aucun pays au monde n’a décollé sans un secteur privé fort et résilient bénéficiant de la confiance et de l’accompagnement de l’Etat principal donneur d’ordres et fournisseur de marchés. En France, aux USA, en Chine et au Maroc, l’Etat central a toujours donné un coup de pouce aux privés nationaux notamment dans le cadre d’une diplomatie économique incitant les pouvoirs publics à jouer les VRP au bénéfice des Employeurs. L’avantage avec les privés nationaux, c’est qu’ils partagent les richesses créées in situ en faisant tourner la machine économique. Rien à voir avec les privés étrangers qui rapatrient les fonds gagnés et ne participent que très peu à l’effet de ruissellement que les pauvres populations appellent toujours de leurs vœux dans un contexte de morosité économique aigüe.
Autrement dit, n’ayons pas honte de créer et de consolider des champions nationaux !
Mamadou Lamine DIATTA