Le Centre de Recherche et de Documentation sur les Institutions et le Droit de l’Administration (CREDILA) de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (UCAD) a organisé, ce 22 mai 2025 au CIGASS, une conférence internationale de premier plan sur le thème « Genre et fiscalité en Afrique : État des lieux et prospective ». Cette rencontre a réuni universitaires, parlementaires, organisations de la société civile et experts pour un débat essentiel sur l’intégration de la dimension genre dans les politiques fiscales.
Une initiative universitaire au service de la communauté
Le Professeur Lucienne Kodou NDIONE, Directrice du CREDILA, a souligné l’objectif de cette conférence : « marquer d’abord une ouverture, consolider l’ouverture de l’université au monde extérieur, aux institutions, dans la logique que nous appelons ‘service à la communauté' ». Elle a mis en avant la pertinence de la thématique « genre et fiscalité » dans le contexte actuel du Sénégal, marqué par une réforme du Code général des impôts et domaines, et l’organisation prochaine de la quatrième conférence internationale sur le développement.
Le Professeur NDIONE a insisté sur le lien intrinsèque entre fiscalité, développement et genre. « Nous savons le lien qu’il y a entre fiscalité et développement, mais nous savons surtout aujourd’hui l’importance que le genre occupe dans la mise en place des politiques publiques de développement, » a-t-elle déclaré. Le choix de cette thématique vise à « impulser des réformes qui prennent beaucoup plus en compte la valeur du genre dans les politiques publiques fiscales au Sénégal », reconnaissant que les inégalités de genre sont une réalité et que les réformes doivent les adresser.
Le projet « Gender Equality in Taxation » (GET) : un partenaire clé
La conférence a été rendue possible grâce au soutien du projet « Gender Equality in Taxation » (GET), financé par la Direction Générale du Trésor française et mis en œuvre par Expertise France. Awa Penda NDIAYE, cheffe du projet GET, a expliqué que son initiative œuvre pour « une meilleure égalité de genre dans le cadre des politiques publiques à caractère fiscal ».
Le projet GET repose sur trois piliers : l’assistance technique aux administrations fiscales et douanières, un volet de collaboration avec les organisations de la société civile, et la recherche. C’est dans le cadre de ce dernier pilier que la collaboration avec le CREDILA a été nouée, afin de « susciter des questionnements sur le sujet et aussi permettre que le débat soit beaucoup plus riche », particulièrement pertinent avec la réforme en cours du code général des impôts au Sénégal.
La fiscalité n’est pas neutre : une analyse multidimensionnelle
Awa Penda NDIAYE a développé un point crucial de la conférence : « la fiscalité n’est pas neutre ». Cette absence de neutralité s’analyse sous trois dimensions :
- La dimension politique fiscale : Comment les choix fiscaux impactent différemment les genres.
- La dimension interne aux administrations fiscales : Les inégalités des chances et l’accès aux postes de responsabilité au sein même des institutions.
- Les relations avec les contribuables/usagers : Comment les interactions avec l’administration fiscale peuvent varier selon le genre.
Elle a rappelé que les administrations fiscales évoluent vers une approche de « justice et d’équité fiscale », où la prise en compte du genre devient indispensable. Mme NDIAYE a tenu à clarifier que le concept de genre ne doit pas être perçu comme une opposition entre hommes et femmes, mais plutôt comme une démarche visant à « réduire les inégalités qui sont parfois défavorables aux hommes mais aussi aux femmes ».
Cette conférence marque une étape significative dans la réflexion sur la fiscalité inclusive en Afrique, posant les bases de futures réformes qui visent à construire des systèmes fiscaux plus justes et équitables pour tous les citoyens.