S.E. Macky SALL a pris une sage décision : suspendre la taxe à l’exportation sur l’arachide pour une meilleure pénétration des marchés cibles ! Les 9 et 10 août dernier déjà, le Collectif des Producteurs et Exportateurs de Graines d’arachide (COPEGA) avait souhaité sa suspension lors de son 2e forum annuel dont je fus le facilitateur.
Le Président de la République ne pouvait ne pas trancher tant la situation de la campagne arachidière en cours se dégrade de jour en jour. Jugez-en vous-même : des paysans ayant sur leurs bras des milliers de tonnes d’arachide invendus ou en cours de bradage sur le marché parallèle (le fameux Mbapatte) ; des huiliers et OPS (Opérateurs Privés Stockeurs) désargentés et enfin des chinois qui boudent jusqu’ici. Nous allions vers une impasse voire une catastrophe dans la filière phare du monde rural. Une éventualité impensable au regard des enjeux économiques, sociaux et politiques pour le pouvoir. Figurez-vous que 99% des exportations de graines d’arachide sont allées en Chine en 2016. En 2015, les produits arachidiers ont compté pour l’équivalent de 46 milliards FCFA de rentrée de devises.
C’est la Loi 2016/35 portant loi de finances pour l’année 2017 qui est la source légale de cette taxe. Cette loi consacre la création d’un droit de sortie sur l’arachide fixé à 15 francs CFA par kilogramme net pour les arachides en coque et 40 francs CFA par kilogramme net pour les arachides décortiquées. Parmi les éléments justificatifs du prélèvement douanier sur les exportations d’arachide figure la subvention de la filière par le Trésor sénégalais qui pour certains, en l’absence de taxe équivaut à un transfert du bénéfice de la subvention à l’étranger.
Rappelons que l’exportation génère des emplois saisonniers (11 000 dans le bassin arachidier et trois fois plus à Touba). La précarisation ou la disparition de tels emplois va avoir des conséquences sociales dommageables s’y ajoute que la République sœur de Gambie comparée au Sénégal peut devenir le pays le moins disant fiscal sous ce registre de l’exportation des graines d’arachide et notamment vers la Chine. Un second temps fort de ce Conseil des ministres, c’est le rôle de premier plan que le Président SALL entend conférer au secteur privé local et sous-régional.
En rappelant au Premier Ministre Dionne, l’impératif d’un dialogue permanent entre l’Etat et le secteur privé ainsi que la nécessité de les faire accéder à une partie de la commande publique, le Président SALL a compris le stress de ses chefs d’entreprises et de son secteur informel qui ne doivent pas être dans les ghettos du Plan Sénégal Emergent !
A la semaine prochaine pour un autre décryptage du communiqué du CDM. Je vous serre la main.
Dr Ousmane Biram SANE, Economiste-Financier,