Le 3ᵉ congrès international de la Société Sénégalaise de Dermatologie Vénérologie (SOSEDEV) se tient les 07, 08 et 09 mai 2025 à l’UCAD, au département de médecine. Cet événement rassemble des dermatologues du Sénégal et d’autres pays, notamment du Maroc, de Côte d’Ivoire, du Cameroun et du Bénin, pour discuter des avancées et des défis de la spécialité.
Un parrainage émouvant
Le docteur Ibrahima NDIAYE, ancien président de la SOSEDEV et parrain de ce congrès, a exprimé sa profonde émotion et sa gratitude pour avoir été choisi. « J’ai été très ému, très ému tout simplement. Donc, je remercie tout d’abord le président de la Société Sénégalaise de Dermatologie, le professeur Fatoumata LY et toute l’équipe dermatologique qui m’ont coopté comme parrain. Ça, c’est vraiment quelque chose de très flattant, » a-t-il déclaré.
La dermatologie au carrefour des spécialités
Le docteur NDIAYE a souligné la nature transversale de la dermatologie : « Vous savez que beaucoup de gens ne comprennent pas que la dermatologie est au carrefour de beaucoup de spécialités… la peau est le miroir de beaucoup de maladies. » Il a précisé que les dermatologues collaborent avec des internistes, des gastroentérologues, des chirurgiens et d’autres spécialistes pour diagnostiquer et traiter des maladies internes qui se manifestent par des symptômes cutanés. Il a cité l’exemple du vitiligo, où l’examen dermatologique peut révéler d’autres pathologies sous-jacentes.
Appel à la nouvelle génération
S’adressant à la nouvelle génération de dermatologues, le docteur NDIAYE a insisté sur l’importance de la générosité, de la détermination et de l’engagement envers le développement de la dermatologie au Sénégal. « Moi en tant que dermatologue libéral, j’ai quitté la France pour mon pays… Et j’ai été coopté comme président de la Société Sénégalaise de Dermatologie. Moi je travaille jour et nuit. Aujourd’hui, si la dermatologie ne marche pas, c’est parce que les cadres n’ont pas travaillé. Donc les jeunes qui sont derrière nous, on leur conseille d’avoir la générosité, la détermination, le cœur pour faire avancer la dermatologie dans ce pays. »
Thème central et objectifs du congrès
Le professeur Fatimata LY, présidente de la SOSEDEV, a expliqué que le thème central du congrès était « la dermatologie vénérologie au carrefour des spécialités médico-chirurgicales ». Ce choix thématique, a-t-elle expliqué, reflète la nature transversale de la dermatologie : « Ça veut dire simplement qu’à partir des signes dermatologiques, on peut porter le diagnostic d’autres affections, qu’elles soient cardiovasculaires, digestives ou pulmonaires ou encore d’autres spécialités. » Elle a également souligné l’importance de la chirurgie en dermatologie, notamment dans le traitement du cancer et en chirurgie plastique, ainsi que le rôle de la dermatologie vénérologie dans la santé de la reproduction et la prise en charge des infections sexuellement transmissibles.
L’impact de la dépigmentation
Le congrès a accordé une attention particulière à l’impact de la dépigmentation artificielle, un problème majeur en Afrique subsaharienne. Le professeur LY a déclaré : « Je pense que pour tout ce qui est Afrique subsaharienne, on ne peut pas parler de dermatologie sans parler de l’impact de la dépigmentation artificielle… a un impact sur le plan des affections dermatologiques qui lui sont associées… mais également d’autres maladies plus générales puisqu’on sait que le diabète, l’hypertension artérielle, les pathologies endocriniennes et même des pathologies psychiatriques peuvent compliquer la dépigmentation cosmétique volontaire. » Elle a souligné que les complications de la dépigmentation sont un motif fréquent d’hospitalisation et qu’une proportion importante des patientes consultant en dermatologie souffre de pathologies liées à cette pratique. De plus, elle a noté une augmentation des cas de cancer associés à la dépigmentation. Des études menées au Sénégal ont montré des prévalences de dépigmentation supérieures à 53% et atteignant même 71%.
Face à cette situation, le professeur LY a appelé l’État à prendre ses responsabilités : « Nous, ce qu’on peut faire en tant que professionnels de la santé, c’est de faire le constat et c’est d’alerter. L’État n’a qu’à prendre ses responsabilités dans la commercialisation de ces produits et dans la taxation de ses produits et dans l’instauration d’un système de cosmétovigilance. En tout cas… nous n’avons pas fini d’alerter. Maintenant, la balle est dans le camp de l’État. »
Maladies émergentes et coopération sud-sud
Le professeur LY a également mis en avant l’importance des maladies émergentes et ré-émergentes, telles que la COVID-19 et l’infection à monkeypox, qui ont des manifestations cutanées. Elle a souligné le rôle crucial des dermatologues dans le diagnostic précoce de ces pandémies. Enfin, elle a insisté sur l’importance de la coopération sud-sud en dermatologie, illustrée par la participation de nombreux dermatologues de la sous-région et du Maghreb à ce congrès, ainsi que par la présence d’étudiants marocains en spécialisation au Sénégal.