25ÈMES JOURNÉES SCIENTIFIQUES DE LA SOACHIM : LES CHIMISTES OUEST-AFRICAINS AU DÉFI DE LA SOUVERAINETÉ ÉCONOMIQUE ET DE L’ENVIRONNEMENT

L’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar est, du 19 au 22 août 2025, l’épicentre de la réflexion scientifique ouest-africaine, accueillant la 25ème édition des Journées scientifiques de la Société Ouest Africaine de Chimie (SOACHIM). Sous le Haut Patronage du Président de la République du Sénégal, Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, et avec un parrainage ministériel de haut niveau, l’événement rassemble plus de 300 chimistes autour d’un thème à la fois technique et stratégique : « Chimie et exploitations pétrolière, gazière et minière face aux défis de l’environnement et de la souveraineté économique. »

Promouvoir la chimie pour une intégration régionale

Dans son allocution, le Professeur Roger NÉBIÉ, secrétaire permanent de la SOACHIM, a tenu à rappeler l’historique et la mission de cette organisation née il y a 31 ans de la volonté de pionniers. « Aujourd’hui, la société ouest africaine de chimie a 31 ans et compte 8 pays de l’Afrique de l’Ouest, » a-t-il précisé. L’un des objectifs fondamentaux est de « promouvoir les sciences chimiques à travers une revue où les gens peuvent publier facilement leurs articles scientifiques mais aussi une université d’été comme celle-là, chaque année, de manière tournante dans tous les pays. »

Ces rencontres annuelles ne sont pas de simples colloques ; elles sont des moments cruciaux pour la formation et le réseautage. Le Professeur NÉBIÉ a mis en exergue l’importance de ces échanges : « Les jeunes proposent des communications et les doyens proposent des conférences… ça permet aux jeunes de montrer ce qu’ils ont fait dans leurs laboratoires, ça permet aux anciens de critiquer ce travail, de les aider à aboutir, mais ça permet aussi de tisser des relations. » Grâce à ces journées, une véritable communauté de chimistes ouest-africains s’est constituée : « Aujourd’hui dans toute l’Afrique de l’Ouest, lorsque vous avez besoin d’un professeur pour vous assister, pour un doctorat, pour une soutenance de thèse, c’est très facile parce que tous les chimistes ouest africains aujourd’hui se connaissent. »

Bâtir la souveraineté économique par le génie chimique

Alors que le Sénégal fait ses premiers pas dans l’exploitation de ses ressources pétrolières et gazières, le défi de la transformation locale des matières premières est au cœur des discussions. Selon le Professeur NÉBIÉ, la chimie est la clé de la souveraineté économique. Il a souligné que « tout ce qui est processus, de raffinage, tout ça, c’est vraiment le génie des procédés chimiques. » Il a ensuite exposé une vision claire pour l’avenir : « il faut que nous travaillions à créer véritablement des écoles du pétrole… que nos experts nationaux, qu’un Sénégalais puisse aller travailler sur une unité de pétrole en Côte d’Ivoire et vice-versa, que ce soit véritablement cette intégration africaine. »

L’objectif est d’assurer que les richesses extraites sur le continent bénéficient d’abord aux populations locales. En transformant les produits sur place, la main-d’œuvre est employée, la recherche est stimulée et la valeur ajoutée reste dans les pays. « Maintenant, les autres, quand ils viendront acheter ici, ce sera des produits finis et toutes les richesses restent dans nos pays, » a-t-il conclu.

La chimie comme sentinelle de l’environnement

Le Professeur Momar NDIAYE, président de la section sénégalaise de la SOACHIM, a insisté sur l’actualité du thème choisi pour le Sénégal, pays qui commence à exploiter ses réserves de pétrole et de gaz. « Ce thème… nous l’avons choisi pour apporter notre contribution aux activités qui se mènent actuellement dans ce pays, où on est à l’heure de l’exploitation du pétrole et du gaz. »

Il a mis en garde contre une vision purement économique de cette manne, rappelant que la chimie doit jouer un « rôle d’alerte et de veille ». Le défi environnemental est immense et incontournable. « L’exploitation pétrolière, c’est vrai, nous voyons l’aspect économique, mais au-delà, il y a l’aspect environnemental qu’il faut gérer, » a-t-il déclaré, citant un exemple concret : « Si nous voyons la zone de Kédougou, nous voyons que le fleuve est totalement contaminé par les produits de l’exploitation. Ça, c’est le défi. »

Au-delà de l’environnement, le Professeur NDIAYE a également soulevé la question des risques sociaux. « Nous voyons souvent, l’exploitation de ces mines, au niveau des zones où ça se passe, les populations réclament leur part. Et ça peut engendrer des conflits sociaux. » Les recommandations et conclusions qui émergeront de ces quatre jours de réflexion seront remises aux autorités pour les aider à « analyser et de le mettre à disposition des autorités. »

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