🔴VIDÉO–VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE : LA DOUBLE VULNÉRABILITÉ DES FEMMES HANDICAPÉES AU CŒUR D’UN CRI D’ALARME POUR BRISER LE FLÉAU INVISIBLE

La lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles au Sénégal prend un tournant plus spécifique avec la mise en lumière de la situation particulièrement alarmante des femmes et filles en situation de handicap. Lors d’un dialogue communautaire organisé ce mercredi au Centre Talibou DABO, les acteurs de la société civile et les représentants du ministère de la Famille et des Solidarités ont dressé un constat sans appel et lancé un appel pressant à l’action.

Awa Nguer FALL, coordonnatrice du projet d’appui à la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (PASNEEG 2), a donné le ton en évoquant le contexte national préoccupant, marqué par un nombre croissant de féminicides. « Depuis janvier, c’est le septième ou huitième cas de femmes tuées par leur conjoint », a-t-elle souligné, insistant sur le fait que cette violence touche de manière disproportionnée les femmes et filles en situation de handicap.

Selon elle, ces dernières sont trois fois plus touchées que les femmes valides. Elles vivent une « double vulnérabilité » : d’abord en tant que femmes, puis en raison de leur handicap. C’est pour cette raison qu’un partenariat opérationnel a été noué avec le Comité des femmes de la Fédération des personnes en situation de handicap (FSAPH), afin d’échanger sur la problématique et de formuler des recommandations concrètes.

Les témoignages poignants ont mis en évidence les nombreux obstacles qui exacerbent cette vulnérabilité. Seynabou NDIAYE, trésorière générale du Comité des femmes de la FSAPH, a dénoncé la stigmatisation persistante. Elle a rappelé que le handicap est trop souvent perçu par la société comme « un paria » ou un « synonyme de mendicité ».

À cette exclusion sociale s’ajoute une marginalisation institutionnelle. Seynabou NDIAYE a pointé du doigt les « difficultés » rencontrées par les victimes pour porter plainte, les services de police et les structures sanitaires n’étant pas adaptés aux besoins spécifiques des personnes handicapées. Elle a également fait le lien entre handicap, manque d’éducation et pauvreté, qui « limite les libertés et la participation à la vie publique ».

Pour sa part, Ndeye Khady MBAYE, coordonnatrice des projets pédagogiques au Centre Talibou Dabo, a insisté sur le rôle salvateur de l’éducation. Forte de son expertise en éducation inclusive, elle a déclaré avec conviction que « seule une éducation de qualité peut permettre aux personnes handicapées de faire la différence ». Sans cela, elles sont « exposées à la maltraitance, [et] à la mendicité ». Elle a regretté que, bien que la société soit « inclusive de nom », peu d’écoles acceptent réellement les enfants handicapés.

Les participantes ont formulé plusieurs recommandations clés à l’intention des autorités :

  • L’application de la loi : L’appel le plus pressant concerne la Loi d’orientation sociale de 2010. Les associations de personnes handicapées demandent instamment aux autorités de prendre les décrets d’application pour que les mesures prévues puissent enfin devenir effectives.
  • L’éducation inclusive : Il est impératif que l’État investisse dans l’éducation pour créer de véritables écoles inclusives, permettant à tous les enfants d’étudier dans un environnement adapté.
  • L’accès aux services : Une meilleure prise en compte du handicap dans les structures sanitaires et policières est nécessaire pour garantir une prise en charge efficace des victimes de violence.

Bien que Awa Nguer FALL ait mentionné les initiatives existantes du gouvernement, telles que la « Vision Sénégal 2050 » axée sur l’inclusion et la « Carte d’égalité des chances », elle a reconnu qu’il fallait « redoubler d’efforts ». Les intervenantes se sont accordées sur le fait que la lutte contre ce fléau doit être « collégiale », impliquant l’État, la communauté et les familles.

Retrouvez les différents plaidoyers sur la vidéo ci-dessous.

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