Le RESAO réunit cette semaine les gardiens des urnes de la région autour d’une technologie qui pourrait transformer — ou déstabiliser — les processus électoraux
Dakar accueille à compter de ce mercredi le Symposium 2025 du Réseau des structures de gestion électorale en Afrique de l’Ouest (RESAO), où plus d’une centaine de délégués venus de la région débattent d’une question qui n’a jamais été aussi urgente : comment exploiter l’intelligence artificielle sans compromettre l’intégrité électorale.
L’enjeu est clair. Face à la multiplication des coups d’État et à la fragilisation des institutions démocratiques, les commissions électorales de la région cherchent à transformer l’IA en rempart contre la fraude et la manipulation. Mais cette ambition se heurte à des risques redoutables : discriminations algorithmiques, violation des données personnelles des électeurs et, surtout, désinformation générée par l’IA capable d’« ébranler fortement l’intégrité du territoire ».
« Il n’y a pas de choix », affirme Abdoulaye SYLLA
M. Abdoulaye SYLLA, président de la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) du Sénégal, tranche sans ambiguïté. « Il n’y a même pas de choix », déclare-t-il. « Tout le monde doit aller dans le sens de l’utilisation de l’intelligence artificielle pour améliorer l’efficacité des processus, des opérations et du contrôle des opérations. »
SYLLA reconnaît toutefois les dangers. Il énumère sans détour les risques : le ciblage de certaines catégories de population, la violation des données électorales, les lacunes d’infrastructures technologiques et la prolifération des fausses informations. Pour lui, l’IA ne vaut que si elle consolide la démocratie et aide à combattre les « fake news ».
MUSAH : « Le Sénégal est l’exemple à suivre »
De son côté, Abdel-Fatau MUSAH, Commissaire aux affaires politiques, paix et sécurité de la CEDEAO, justifie le choix de Dakar. « Les autres membres des commissions électorales de notre sous-région ont beaucoup à apprendre ici des exemples du Sénégal », affirme-t-il.
MUSAH souligne que l’IA est « la dernière frontière de la technologie » dans les sociétés africaines, intervenant dans la confection des listes électorales, les systèmes biométriques et la surveillance de la transparence électorale. Il estime que cette conférence constitue une réponse aux instabilités politiques récentes : renforcer les institutions électorales et les judiciaires face aux menaces contre la démocratie.
Un groupe de travail régional en perspective
Le symposium débouchera sur la création d’un groupe de travail régional dédié à « l’apprentissage, l’assistance mutuelle et la gouvernance de l’IA dans les élections en Afrique de l’Ouest ». L’Assemblée générale élira également un nouveau Comité de pilotage pour diriger le RESAO.
Il en va, pour la région, d’une question existentielle : l’IA renforcera-t-elle ou affaiblira-t-elle la confiance citoyenne dans les élections ? Les réponses données à Dakar cette semaine pourraient y répondre.
Nous vous invitons à suivre, suivre la vidéo ci-dessous, les réactions du président SYLLA et du commissaire MUSAH.