C’est dans l’enceinte de l’INSEPS, à Dakar, que le ton a été donné. Sous l’impulsion du Comité national des femmes du Conseil national des aînés, la traditionnelle célébration dédiée aux personnes du troisième âge prend cette année une nouvelle dimension. Désormais, on ne parle plus d’une simple journée, mais d’une Semaine Nationale des Aînés.
Mame Birame FAYE, Président du Conseil national des aînés du Sénégal, a profité de cette cérémonie de lancement pour dresser un état des lieux sans concession de la condition des séniors au Sénégal, articulé autour d’un thème évocateur : : « Optimiser la santé du senior : nutrition et activité physique, les clés du bien-vieillir après 100 ans »
Rappelant l’histoire, le Président FAYE a souligné l’évolution institutionnelle de cet événement. « Chaque année, depuis le décret de 1987 signé par le Président Abdou DIOUF, nous consacrions une journée aux personnes âgées. Avec le gouvernement actuel, nous avons franchi un cap pour tenir une semaine nationale », a-t-il expliqué. Après l’étape de l’INSEPS et celle prévue à l’Université de Dakar, le lancement officiel se poursuivra en région, témoignant de la volonté de décentraliser les activités.
Interrogé sur le soutien de l’État, Mame Birame FAYE note des avancées tout en appelant à l’accélération des processus. Si l’État a « mis la main à la pâte », le chantier législatif reste la priorité. Une loi pour la protection et la promotion des aînés, doublée de trois décrets d’application et d’un arrêté, a été initiée.
« Tout le dispositif est en place, les plans d’action sont là . Il ne reste plus qu’à appliquer », a martelé le Président, insistant particulièrement sur la prise en charge sanitaire des malades âgés qui doit être effective et soutenue.
Au cœur des échanges, le thème du « Bien vieillir » a permis d’aborder la question cruciale du cadre de vie. Le Conseil national des aînés rejette catégoriquement l’importation de modèles occidentaux basés sur le placement en institutions.
« Nous ne voulons pas mettre nos personnes âgées dans des hospices ou des maisons de retraite. Il faut les garder à la maison », a insisté M. FAYE. Pour lui, le maintien à domicile, couplé à un suivi médical approprié, est le secret de la longévité et de la santé mentale.
Cependant, le constat est mitigé selon le milieu de vie. Si en zone rurale, le respect et l’intégration familiale restent la norme, la ville isole. « En milieu urbain, la personne âgée est parfois délaissée, elle ne mange même plus avec la famille. Sur le plan mental, cela pose problème », déplore-t-il, appelant à un retour aux fondamentaux de la tradition et au dialogue intergénérationnel.
Pour vieillir en bonne santé, des experts présents ont rappelé l’importance de l’hygiène de vie. L’autonomie passe par une alimentation adaptée — riche en fibres, fruits et légumes pour la digestion, et suffisante en protéines pour éviter la fonte musculaire fréquente à cet âge. L’activité physique et la stimulation intellectuelle (lecture, vie sociale) sont également prescrites pour éviter que la vieillesse ne rime avec dépendance.
En guise de conclusion, Mame Birame FAYE a lancé un vibrant plaidoyer à l’endroit des communautés et des décideurs. Il souhaite que les personnes âgées soient considérées comme un groupe prioritaire, au même titre que les femmes enceintes ou les enfants.
« Ce n’est pas parce qu’on est âgé qu’on n’est pas autonome », a-t-il rappelé. Les aînés, mémoires vivantes de la nation, demandent aujourd’hui non pas la charité, mais la reconnaissance de leurs droits et une place digne au cœur de la cité.
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