Dans une déclaration forte et sans concession, la Grande Table Ronde des Panafricains du Sénégal, tire la sonnette d’alarme sur les conséquences dévastatrices des activités minières d’Eramet dans la région des Niayes, notamment autour des villages de Lompoul.
Cette déclaration, fruit d’une concertation entre communautés locales, organisations de la société civile et citoyens engagés, dénonce « les dégâts environnementaux et socio-économiques irréversibles » causés par l’extraction du zircon depuis 2014.
« Les opérations minières d’Eramet ont conduit à la dévastation de terres agricoles, à l’assèchement des sols fertiles, à la perte de biodiversité et à des perturbations majeures des écosystèmes locaux, affectant directement la vie des populations », souligne Sylvestine MENDY, porte-parole du jour. Elle rappelle que cette région produit « 60 % des légumes et fruits du Sénégal », ce qui fait peser une menace grave sur la sécurité alimentaire nationale.
Face à cette situation, la panafricaniste appelle à une « action urgente en faveur de la protection de l’environnement et des populations locales ». Elle insiste sur la nécessité d’un « moratoire immédiat sur les activités minières d’Eramet dans la région des Niayes, jusqu’à ce qu’une évaluation complète et transparente des impacts soit réalisée par un comité indépendant ». Ce moratoire vise à stopper provisoirement les opérations pour éviter que les dommages ne deviennent irréparables.
La déclaration lue devant la presse nationale et internationale met également en avant la demande d’une « réparation des dommages environnementaux », avec la « remise en état des terres agricoles, la gestion des ressources en eau, ainsi que la réhabilitation des zones touchées », en collaboration étroite avec les communautés locales.
La Grande Table Ronde des Panafricains du Sénégal insiste sur le respect des droits fonciers : « Les terres agricoles et les villages déplacés à cause des opérations minières doivent être rétablis et protégés, avec une compensation juste et équitable aux personnes touchées ».
Au-delà de la dimension environnementale, la déclaration souligne aussi les impacts sociaux et économiques, notamment sur le tourisme. « Cinq campements touristiques ont été détruits », rappelle la porte-parole, appelant à une « évaluation des impacts sur le tourisme et la biodiversité », notamment dans des zones emblématiques comme le désert de Lompoul, « une attraction touristique majeure » qu’il faut préserver.
La Grande Table Ronde exhorte enfin les autorités sénégalaises à « renforcer la réglementation et le contrôle des activités minières », à « soutenir l’agriculture durable et le tourisme responsable », et à instaurer un « dialogue et une consultation régulière avec les communautés locales » pour garantir leur participation effective dans la gestion des ressources naturelles.
Cette déclaration intervient dans un contexte où Eramet, par sa filiale Grande Côte Opérations, défend ses pratiques en mettant en avant ses engagements en matière de responsabilité sociétale et environnementale, ainsi que des projets de réhabilitation. Cependant, la contestation locale reste vive, dénonçant des impacts négatifs persistants.
Sylvestine MENDY conclut avec un appel solennel : « L’exploitation des ressources naturelles doit se faire dans le respect des principes de développement durable, de la préservation de l’environnement et du bien-être des communautés locales. Nous comptons sur votre engagement pour agir rapidement et efficacement, afin de protéger les générations futures de cette menace imminente ».
Cette déclaration marque une étape importante dans le combat des populations locales contre ce qu’elles qualifient de « monstre » minier, et pose un défi majeur aux autorités et à Eramet pour concilier développement économique et respect des droits humains et environnementaux au Sénégal