🔴VIDÉO–EN ROUTE POUR SÉVILLE : LE SÉNÉGAL HARMONISE SES PRIORITÉS POUR LE FORUM MONDIAL DU DÉVELOPPEMENT

En prélude à la quatrième Conférence Internationale sur le Financement du Développement (FfD4) qui se tiendra à Séville, une Concertation Nationale s’est tenue au Sénégal, réunissant des acteurs clés de la société civile, du gouvernement et du parlement. L’objectif principal de cette rencontre multipartite était d’élaborer une note de position commune pour le Sénégal, en s’appuyant sur une analyse approfondie des défis et opportunités spécifiques au pays dans le contexte financier mondial actuel. Les discussions, organisées autour de quatre tables rondes thématiques, ont mis en lumière l’urgence de renforcer la mobilisation des ressources domestiques, de repenser la gestion de la dette, de revendiquer une justice climatique et financière, et de plaider pour une réforme de l’architecture financière internationale plus équitable pour l’Afrique.

Les interviews recueillies lors de cet événement témoignent de la convergence des préoccupations et de la volonté d’action.

Mor NDIAYE, Directeur Général de l’Office National du Recouvrement des Avoirs Criminels (ONRAC), a souligné l’importance de cette concertation pour définir les points essentiels de la participation sénégalaise au forum de Séville. Il a mis en avant le rôle crucial de l’ONRAC dans la lutte contre la criminalité économique et financière, y compris le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. « À travers notre mission de gestion des avoirs saisis et confisqués, nous participons activement à la mobilisation des ressources au niveau local, qui doivent en définitive abonder les caisses de l’État au profit de la collectivité », a-t-il déclaré. M. NDIAYE a insisté sur la nécessité d’une approche globale, combinant prévention et répression pour endiguer les flux financiers illicites et maximiser la récupération des fonds détournés.

De son côté, Mame Diarra Ndiaye SOBEL, Directrice exécutive d’Agenda Afrique, a inscrit cette rencontre dans une dynamique panafricaine visant à préparer les sociétés civiles et à appuyer les gouvernements africains en vue de la FfD4. Elle a rappelé le contexte mondial difficile, marqué par un bilan mitigé des Objectifs de Développement Durable (ODD), une crise économique persistante et une évolution de l’aide publique au développement. « Nous militons pour une réforme de l’architecture financière mondiale qui soit inclusive des préoccupations africaines », a-t-elle affirmé. Mme Ndiaye SOBEL a plaidé pour un recentrage sur les ressources endogènes de l’Afrique, soulignant le potentiel considérable des capitaux illicites à recouvrer (estimés à 88 milliards de dollars de pertes), la nécessité de trouver des alternatives à un service de la dette insoutenable, et la valorisation du contenu local et des ressources naturelles. « Il suffit juste de bien évaluer, bien voir, et aussi bien négocier selon nos intérêts », a-t-elle insisté.

Alphonse Mané SAMBOU, député et membre de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, a salué la pertinence de cette rencontre, la considérant comme une étape cruciale pour affirmer la souveraineté africaine. « L’Afrique était toujours considérée comme une entité dépendante, alors que nous avons tout sur place », a-t-il souligné. Pour lui, une meilleure organisation des structures internes pour mobiliser les ressources permettra de réduire cette dépendance et d’ouvrir la voie à un avenir plus prospère pour les populations. Interrogé sur l’alignement de ces objectifs avec le référentiel « Sénégal 2050 » prônant la souveraineté, M. SAMBOU a répondu affirmativement, tout en insistant sur la nécessité d’une orientation efficace des ressources mobilisées vers des projets structurants et rentables, plutôt que vers des dépenses politiques ou des subventions à la consommation. « Le problème majeur que nous avons, c’est un problème d’orientation du peu qu’on arrive à mobiliser », a-t-il averti.

Les discussions des différentes tables rondes ont donc convergé vers la nécessité pour le Sénégal de présenter à Séville une position forte et cohérente, axée sur une plus grande autonomie financière, une gestion responsable de la dette, la justice dans l’accès au financement climatique, et une réforme profonde des institutions financières internationales pour une meilleure prise en compte des réalités et des priorités africaines.

La synthèse des travaux et l’adoption des recommandations issues de cette Concertation Nationale devraient permettre au Sénégal de porter une voix unie et influente lors de ce forum mondial crucial pour l’avenir du financement du développement.

Retrouvez les différentes réactions sur la vidéo ci-dessous.

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