Le Conseil national de lutte contre le SIDA (CNLS) a lancé un cri d’alarme ce lundi à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA. Si le Sénégal se félicite d’une prévalence historiquement basse de 0,3 % dans la population générale, la Secrétaire exécutive, le Dr Safiatou THIAM, met en garde contre la menace d’une « ressurgence du virus » due à la baisse des financements internationaux et domestiques.
Les Acquis Fragilisés
Face à la presse, le Dr THIAM a confirmé la dynamique positive de l’épidémie au Sénégal :
Faible Prévalence : 0,3 % dans la population générale.
47 000 PVVIH : Dont 2 500 enfants.
Succès du Traitement : 85 % des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sont dépistées et sous traitement antirétroviral (ARV).
Cependant, elle a immédiatement pointé les failles de la riposte, notamment l’épidémie qui stagne, voire progresse, chez la population active (24-45 ans), et l’échec persistant à éliminer la Transmission Mère-Enfant (TME) du VIH.
Dr Safiatou THIAM : « L’épidémie est en baisse parce que les nouvelles infections diminuent, les décès également liés au SIDA sont en train de baisser. Il y a juste quelques bémols, c’est que les nouvelles infections, nous avons remarqué qu’elles baissent dans toutes les tranches d’âge, sauf les tranches d’âge entre 24 et 45 ans… Et ça, c’est la population active. »
Le « Wake Up Call » des Partenaires
Le défi majeur est désormais d’ordre financier. Le CNLS fait face à une baisse drastique des ressources, concurrencée par les crises sanitaires mondiales (COVID-19) et les urgences environnementales.
Cette situation a été aggravée par l’annonce récente du retrait de financements par un partenaire international majeur, plongeant les pays du Sud dans le désarroi.
Dr THIAM : « Nous assistons à une baisse drastique des financements, aussi bien les financements internes que les financements internationaux… Ce que nous disons, c’est que le SIDA n’est pas encore une affaire terminée. Et donc nous craignons, avec la baisse des ressources, une ressurgence du virus. »
Elle a qualifié cet événement de « wake up call » (signal d’alarme), forçant le Sénégal à repenser son modèle. Si le gouvernement sénégalais et le Fonds Mondial assurent actuellement l’achat des ARV, la Secrétaire exécutive redoute un impact sur le traitement si le soutien au Fonds Mondial venait à diminuer.
Transformer le Financement en « Investissement »
Pour garantir la pérennité de la riposte et atteindre les 15 % de PVVIH non dépistées, le Dr THIAM appelle à une transformation radicale des stratégies :
Éliminer la TME : Poursuivre les efforts pour qu’aucun enfant ne naisse plus avec le VIH au Sénégal.
Lutter contre la Stigmatisation : Mettre en place des services de dépistage et de traitement qui respectent les droits humains pour convaincre les populations les plus vulnérables (pop-clés, populations actives) de se faire soigner.
Mobiliser les Ressources Domestiques : L’heure est à l’autonomie financière. Le pays doit cesser de « dormir sur ses lauriers » et transformer son système de financement en un système d’investissement pour obtenir des résultats durables.
Nouvelle Forme d’Aide : L’aide au développement doit évoluer vers des modèles de co-financement et de co-investissement pour assurer une souveraineté sanitaire.
En conclusion, le Dr THIAM insiste sur l’enjeu mondial : « Le monde ne supportera pas un retour du VIH. » Le Sénégal, fort de ses acquis, doit désormais accélérer sa transition vers un modèle de riposte robuste, moins dépendant de l’aide extérieure et plus axé sur l’équité et le respect des droits des 47 000 personnes concernées.
Découvrez les explications du Dr THIAM sur la vidéo ci-dessous.
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