À Dakar, ce lundi 1er décembre 2025, le Club Panafricain des Affaires (CP2A) a tenu un point de presse pour présenter sa première édition du forum « Agora Afrika Forum », un événement majeur consacré à la relance du commerce intracommunautaire africain. Sous le thème « Relancer le commerce intracommunautaire africain par les critères de mise en œuvre de la ZLECAF », cette initiative réunit décideurs, entrepreneurs et experts autour d’une ambition commune : transformer la vision théorique de l’intégration économique africaine en réalité opérationnelle.
Une plateforme d’entrepreneuriat comme catalyseur d’intégration
Le forum, qui se déploie sur quatre jours, propose une double approche stratégique. Du 1er au 2 décembre, à la Maison de Culture Douta Seck, se tiendra un salon de l’entrepreneuriat axé sur la création de partenariats entre entrepreneurs, l’assistance technique et financière, ainsi que le partage de savoir-faire dans la gestion d’entreprise. Mme Manal IKIR, présidente du CP2A, a souligné que cette plateforme vise à répondre aux défis majeurs auxquels font face les petites et moyennes entreprises africaines.
« Créer un cadre d’échange et de partenariat entre les entrepreneurs », a expliqué la présidente, « c’est répondre à des besoins fondamentaux : l’accès au financement, la formation et l’accès à l’information ». L’urgence de cette initiative ressort du diagnostic posé : l’entrepreneuriat en Afrique se heurte à des obstacles structurels qui fragilisent le secteur des PME, particulièrement en matière d’accès aux ressources financières et techniques. Pour Mme IKIR, le CP2A, créé officiellement il y a un an au Maroc (septembre 2024), s’inscrit dans une logique de permanence : « Ce salon servira de lien permanent entre nous et les entrepreneurs » pour transformer l’écosystème entrepreneurial du continent.
Mme Safiétou DIALLO : l’importance de la montée en compétences
Experte en risk management et comptable, Mme Safiétou DIALLO a renforcé ce message en mettant l’accent sur la nécessité d’accompagner les entrepreneurs. « L’entrepreneur a besoin de monter en compétences, de structurer son financement », a-t-elle affirmé, rappelant que « la création d’entreprise n’est pas toujours un succès au premier coup ». Elle a insisté sur le rôle de l’écosystème d’appui : partenaires financiers, experts en gestion, conseillers techniques. La présence de multiples acteurs au forum témoigne de cette volonté collective de créer un environnement favorable aux entrepreneurs.
Le 4 décembre : débattre des critères de mise en œuvre de la ZLECAf
Le moment crucial du forum intervient le 4 décembre aux Résidences Mamoune avec un panel de haut niveau consacré à la ZLECAF. Lancée officiellement en janvier 2021, la Zone de libre-échange continentale africaine regroupe 54 pays africains, dont 48 ont ratifié l’accord. Elle ambitionne de tripler le commerce intra-africain, actuellement limité à environ 15% du commerce total, d’ici à 2030.​
Cependant, comme l’a souligné Mme IKIR, la ZLECAf demeure largement théorique. « La ZLECAF a été lancée en 2021, mais jusqu’à présent, beaucoup de gens ne comprennent pas quels sont les critères de la ZLECAF ». Elle a identifié un blocage fondamental : « Qu’est-ce qui bloque ? Pourquoi on n’arrive pas à mettre en œuvre toutes les caractéristiques de la ZLECAF ? »
L’apport du CP2A est de traduire cette complexité en cadres plus accessibles. « On s’est dit pourquoi ne pas créer un cadre plus léger, plus simple pour que les entreprises, les entrepreneurs puissent comprendre en attendant que les États commencent réellement à mettre en place un système qui accompagne cette initiative », a précisé la présidente. Le panel de samedi réunira autorités gouvernementales et experts pour examiner les obstacles concrets et proposer des accélérateurs de mise en œuvre.
Africa All-in et les solutions innovantes de financement
Jean-Lucien KODJANI, chairman de Africa All-in, a insisté sur la dimension financière du projet. Son organisation intervient précisément sur ce terrain : « Il y a vraiment question de pouvoir accompagner les entrepreneurs dans leurs besoins de financement », a-t-il déclaré. Selon lui, les solutions innovantes de financement sont cruciales pour permettre aux entrepreneurs africains d’échanger biens et services sans obstacles liés à la mobilisation de capitaux.
KODJANI a apprécié l’approche de haut niveau du forum, qualifiant la thématique de « vraiment de haut niveau qui invite les différents acteurs à réfléchir sur des mesures concrètes et des recommandations » à adresser aux gouvernements. Il a anticipé que le forum débouchera sur des propositions concrètes destinées aux États pour accélérer la mise en œuvre des critères de la ZLECAf.
Un réseau panafricain en expansion
Au-delà de cette édition inaugurale, le CP2A affirme son ambition de couvrir l’ensemble du continent. Créé d’abord comme lien entre entrepreneurs sénégalais et marocains, le Club compte désormais des sections en Côte d’Ivoire, au Sénégal, à Madagascar et en Guinée-Conakry, avec des projets d’expansion vers la Centrafrique et d’autres pays. Cette trajectoire reflète la demande de partenariats panafricains au-delà des relations bilatérales traditionnelles.
Mme IKIR a rappelé que le choix de Dakar pour cette première édition était naturel : « Le Club Panafricain des Affaires a été créé au Maroc à Casablanca le 28 septembre 2024 entre les entrepreneurs sénégalais et les entrepreneurs marocains ». La croissance du club depuis sa création suggère un vide dans l’écosystème que cette plateforme s’efforce de combler.
Vers une plateforme pérenne
Le forum d’Agora Afrika constitue une étape charnière pour le CP2A. Au-delà du salon d’entrepreneuriat et du panel sur la ZLECAf, l’organisation prévoit de mettre en place une plateforme pérenne de mise en relation entre acteurs économiques. Cet engagement répond à un diagnostic lucide : les entrepreneurs africains ne manquent pas de courage ou de compétences ; ils manquent de visibilité, d’accès aux financements et de clarté réglementaire pour opérer à l’échelle continentale.
Avec Agora Afrika Forum, le CP2A propose d’être ce « lien permanent » que réclame l’écosystème entrepreneurial africain. Les recommandations du panel du 4 décembre alimenteront ainsi un plaidoyer adressé aux gouvernements pour traduire la ZLECAf en mesures concrètes d’accompagnement des entrepreneurs. Une première étape vers une Afrique où l’intégration économique cesse d’être une aspiration pour devenir une réalité opérationnelle.
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