Ads 1

CLEANING DAY: FAIRE DES ORDURES DES ORDRES DURS ! DE LA CAROTTE ET DU BATON.

0 140

macky sall en plein cleaning dayRécompenser et sévir, voilà les deux leviers sur lesquels la plus haute institution de la République compte s’appuyer pour réaliser le résultat « zéro déchet, zéro bidonville ».

Ce samedi 4 décembre, les sénégalais dans leur diversité, ont répondu massivement à l’appel au « cleaning day » lancé par le Président de la République. Cet appel fut signé d’un marqueur dans son traditionnel discours à la nation. Ce qui est remarquable, dès lors, c’est qu’il en a fait désormais un thème central. Thème, tel un leitmotiv, avait été évoqué lors de la réception des élus locaux, également pendant son adresse à la nation à la veille de la fête nationale et de son discours d’investiture. A partir de ce moment, la question de l’insalubrité occupe dorénavant une place prépondérante dans l’échelle des priorités de son quinquennat. 

Toutefois, la question que se posent nombre d’observateurs est de savoir si cette invite n’est-elle pas encore une de ces sempiternelles opérations de com Politique. Cette interrogation trouve sa légitimité dans les faits à répétition d’une histoire récente de notre nation jalonnée d’invites de cet acabit qui finiront par tomber dans la désuétude. C’est dire que ces opérations set setal et autres actions à caractère prophylaxique vite oubliées font légion.

Pour cette raison, aux fins d’éviter que ces appels à la propreté ne soient juste des coups d’éclats politiques, il va falloir passer un cap, j’allais dire un bond qualitatif et suivre au moins trois ordres de préalables.

De prime abord, les partisans du porte étendard de l’APR devraient éviter surtout d’en faire une affaire apéro-apériste. On pourra alerter certains responsables politiques tentés de verser dans des tournures qui peuvent tuer des initiatives citoyennes : « mobilisation des militants », « tel responsable ayant mobilisé plus que l’autre », « donner les moyens aux militants », « félicitation, monsieur le ministre ou … monsieur le maire » …, entre autres terminologies qui pourraient saper l’avenir de cette invite. Ainsi donc, cet appel qui est élevé à la dignité républicaine doit le rester si l’on ne veut pas qu’elle dégringole de son piédestal et vire en actes sectaires. En d’autres termes, l’urgence c’est de faire adhérer toute la nation, quels que soient par ailleurs le sexe, l’âge, la religion ou le parti politique. Heureusement que l’illustre initiateur a mesuré le péril partisan en clarifiant d’ores et déjà le paradigme : « il s’agit d’une activité trans-partisane ». Donnant un symbole fort de cette posture républicaine par rapport à la lancinante question de l’insalubrité, il a rejoint Djibril Wade à Niarry tally dans ses activités d’hygiène et de propreté.

Ensuite, éviter seulement d’ensemencer dans les consciences collectives les termes « cleaning day », « zéro déchet », « set setal » comme des effets d’annonces. Il faudra les traduire en actes concrets en passant du statut de slogan à réalité concrète. En termes clairs, la salubrité doit être érigée en réflexe de tous les jours. C’est sur la même table de valeur qu’il faudra éviter de faire du cleaning day un party day en ce sens où ce serait juste un épiphénomène politique où des actions sporadiques seront simplement menées. Il sera donc question de l’ériger en réflexes comportementaux de tous les jours. Dès lors, jeter machinalement un pot en plastique après avoir bu son café ne serait plus un acte normal de tous les jours mais une mal répréhensible sur la table des valeurs. Pour y arriver, il serait nécessaire de heurter les consciences populaires vers une mutation dans l’ordre de perception de la chose publique. A partir de ce moment, les concepts de « mbèdou bour » et de « yeufou bour » subiront une perception positive.

Finalement, aussi et surtout, faudra-t-il faire de la question des ordures des … ordres durs. Autrement dit, il faudra articuler les bonnes intentions, les actions d’envergure à des ordres formels de ne pas salir. Car, « nettoyer c’est bien, mais ne pas salir c’est encore mieux ». Il convient, par conséquent, d’appliquer ici l’argument de la carotte et du bâton. C’est ce que le Président de la République a compris, lui qui, après le prix de la propreté compte s’adosser sur l’autre levier, le bâton de l’équilibre en prévoyant une législation en la matière. C’est dire que les sanctions y tiennent une place non négligeable. Le texte dispose : « Il est prévu le renforcement du dispositif coercitif contre l’insalubrité et l’encombrement de la voie publique, […] et l’institution d’un juge des référés dédié à l’examen des infractions relatives à l’insalubrité et à l’encombrement de la voie publique ». En outre, des amendes lourdes et des peines de prison sont aussi prévues dans le projet de loi. A titre d’illustration uriner dans la rue est passible d’une amende de 10.000 à 30.000 FCFA. Ces dispositifs juridiques seront adossés à une Brigade spéciale de lutte contre l’insalubrité et l’encombrement (Brise) qui sera créée. C’est dire que le dispositif coercitif doit être corsé pour ne laisser aucune place à des infractions contre la salubrité publique et pousser vers des changements de comportement.

Pour cela, les rengaines telles « Dafay dan dolèm » n’auront plus aucun sens du moment qu’on ne saurait asseoir sa marmite sur le bien-être des sénégalais. Pour montrer sa détermination, l’Etat bande déjà les muscles et mobilise 100 à 200 policiers 1000 ASP.

Enfin, pour arriver à cela, il faudra un consensus fort sur la question de la salubrité et de l’occupation publique anarchique et il est heureux de constater que le sujet « est le premier élément du dialogue national ».

Tout compte fait, à l’image des forces de maintien de l’ordre, il prévu des forces de maintien de la propreté. Seul gage d’un Sénégal zéro déchet, zéro bidonville. Car, comme le recommande la philosophe « Si tu vois tout en gris déplace l’éléphant ». Pour un Sénégal propre, il faut déclarer la guerre aux ordures et c’est à ce prix. Et pour y arriver, il faudra faire de la question des ordures des …ordres durs.

Ibrahima Diakhaté Makama
makamadialhate@gmail.com

Laisser un commentaire