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ACCIDENTS DE LA CIRCULATION: LA PARADE MORTUAIRE (Par Mamadou Kabir NDIAYE)

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Accident sur la route de ToubaAu Sénégal, le phénomène des accidents de la route est devenu un sujet d’une brûlante actualité. Il n’est pas rare qu’on relate, à travers la presse, des scènes d’accident d’une violence indescriptible. Les causes sont multiples et les facteurs aussi divers que variés. En effet, selon la direction des transports terrestres 45% des accidents sont dus à l’imprudence des chauffeurs, 14% au non respect des règles de conduite, 21% au défaut de la maîtrise des conducteurs, 3% imputable à la défectuosité matérielle.

Les populations payent un lourd tribut face aux accidents qui entrainent la perte de 1% du PIB du Sénégal, soit 77 milliards en valeur absolue. De même, pas moins de 500 personnes perdent la vie dans les accidents, en sus des milliers de blessés qui sont victimes de blessures physiques et psychologiques. Face à cette situation, l’Etat avait pris en 2017 ces 10 mesures pour lutter contre les accidents de la circulation :

1. –L’immobilisation et la mise en fourrière de tout véhicule en circulation dont le propriétaire n’a pas présenté à la visite, sans motif valable, à l’expiration du délai de visite technique ;
2. Les réparations à effectuer sur le véhicule seront constatées par l’expert chargé des visites de la zone géographique où l’infraction a été commise et une mise en demeure d’effectuer les réparations dans un délai d’un mois, sous peine de retrait définitif dudit véhicule de la circulation, sera envoyée au propriétaire ;
3. Les opérations de mutation de Dakar vers les régions pour les véhicules de transport public interurbain de voyageurs et de marchandises sont suspendues à titre provisoire sur tout le territoire national ;
4. Il est formellement interdit toute transformation de véhicule destiné au transport de marchandises en véhicule de transport urbain ;
5. Les transformations de véhicules d’origine destinées à augmenter les places assises pour les passagers ou à créer des porte-bagages supplémentaires sont interdites et une tolérance zéro est appliquée contre les surcharges de personnes et de bagages pour l’ensemble des véhicules ;
6. L’âge des conducteurs de véhicules de transport urbain de passagers taxis urbain est fixé à 25 ans au minimum requis pour l’obtention du permis de conduire, pour les conducteurs de véhicules de transport public interurbain de passagers et de marchandises est fixé à 30 ans ;
7. Tous les véhicules motorisés à deux roues doivent se faire immatriculer gratuitement auprès des services compétents du Ministère chargé des transports terrestres pendant six mois, à partir du jeudi 16 mars 2017 ;
8. Tout conducteur de véhicule à deux roues qui circule sur la voie publique, avec ou sans passager, sans porter un casque homologué verra son véhicule immédiatement immobilisé sans préjudices de l’amende forfaitaire prévue à son encontre par les dispositions réglementaires du code de la route ;
9. Les véhicules dont l’état de vétusté est tel que la circulation du véhicule compromettrait gravement la sécurité des personnes ou des biens seront mis en écart ;
10. Les dispositions du code de la route relatives à l’usage du téléphone au volant, au port de la ceinture de sécurité, à l’excès de vitesse, au respect de la signalisation horizontale et verticale seront rigoureusement appliquées.

En réalité, comment ces mesures sont-elles traduites dans la réalité ? Est-ce qu’elles sont l’objet d’application stricte de la part des services concernés ? Sont-elles de nature à participer à la lutte contre les accidents de la circulation ? Quelle est leur efficacité et leur efficience dans la stratégie de l’Etat de juguler le phénomène des accidents ?

Malgré la volonté de l’Etat de réduire drastiquement les accidents, force est de constater que les mesures prises en 2017 n’ont pas eu les effets escomptés, encore moins la conscientisation des acteurs (chauffeurs, passagers, piétons) sur la nécessité de préserver l’intégrité physique des populations en luttant contre les accidents de la route .Car depuis le début de l’année 2018 des accidents graves ont été enregistrés notamment sur la route de porokhane où deux véhicules de transport sont rentrés en collision, faisant des dizaines de blessés. Dernièrement, le crash de l’hélicoptère de l’armée sénégalaise à Missirah a suscité la torpeur chez sénégalais provoquant un sentiment d’impuissance et de révolte face à ces désastres qui prennent des proportions inquiétantes.
Pourtant le ministre des infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement avait annoncé l’interdiction de la circulation interurbaine entre 22 heures et 6 heures du matin et l’instauration du permis à point, au troisième trimestre de l’année 2018. Ces mesures devraient permettre de réduire considérablement les accidents de la route.

Par ailleurs, le non respect du code de la route, le manque de civisme, l’insuffisance de la formation et l’indiscipline constituent des facteurs qui favorisent les accidents. S’y ajoutent le laxisme des uns et la fuite de responsabilité des autres conduisant à une sorte d’hystérie collective. De plus, la vétusté du parc automobile, l’absence de panneaux de signalisation, la circulation non réglementaire des voitures hippomobiles, la dégradation de certaines routes, l’absence d’éclairage dans les zones de campagne sont autant de vecteurs qui sont à l’origine des accidents de la route.

Il urge d’accentuer la sensibilisation, d’identifier et de répertorier les causes de ces accidents pour apporter des solutions intégrées et inclusives pour venir à bout de ce fléau. L’Etat doit jouer pleinement son rôle de médiation et de régulation en appliquant la loi dans toute sa rigueur, sans faiblesse coupable ni cruauté inutile. Cela passe par l’application stricte de ces commandements :
1. L’immobilisation et la mise en fourrière de tout véhicule dont la vétusté présente des dangers pour la sécurité des personnes et des biens
2. Le retrait de tout véhicule destiné au transport de marchandises utilisé pour le transport urbain (« car rapide », « ndiaga ndiaye », etc) ;
3. L’interdiction de transformer des véhicules d’origine en vue d’augmenter les places assises pour les passagers, de créer des porte-bagages supplémentaires ou encore la fermeté contre les surcharges de personnes et de bagages pour l’ensemble des véhicules ;
4. L’obligation pour tout titulaire d’un permis de transport urbain ou interurbain de subir une formation spécifique en fonction du type de véhicule à conduire.
5. Le plombage ou la limitation de vitesse de certaines catégories de véhicule notamment les bus.
6. L’accélération du renouvellement du parc automobile (bus, camions, taxis) et la sensibilisation des chauffeurs à la protection civile.
7. L’immobilisation et la mise en fourrière de tout véhicule à deux roues sans immatriculation et le respect des normes de sécurité notamment le port de casques homologués.
8. L’application des dispositions du code de la route relatives à l’usage du téléphone au volant, au port de la ceinture de sécurité, à l’excès de vitesse, au respect de la signalisation horizontale et verticale.
9. L’éclairage de certaines routes surtout en campagne pour améliorer la visibilité des conducteurs.
10. Le répertoriage et la pose de balises dans les zones accidentogènes pour attirer l’attention des chauffeurs.

Mamadou Kabir NDIAYE
Secrétaire Général Adjoint
Jeunesse Socialiste de Dakar

 

 

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