CONFÉRENCE SOCIALE DU 24 AU 25 AVRIL PROCHAIN : L’EMPLOI DES JEUNES AU CŒUR DES PRÉOCCUPATIONS, ENTRE ESPOIRS ET RÉALITÉS
À quelques jours de la quatrième édition de la Conférence sociale, prévue les 24 et 25 avril à Diamniadio, le Ministère du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions (MTERI) a organisé un petit-déjeuner de presse ce jeudi à la Fondation Frédérich Ebert. L’objectif principal de cette rencontre, orchestrée par la Direction de l’Emploi, était de sensibiliser la presse nationale aux enjeux cruciaux de l’emploi et de l’employabilité des jeunes, thématique centrale de cette édition placée sous le signe d’un « Sénégal souverain, juste et prospère ».
Monsieur Babacar SY, Directeur de l’Emploi, a d’emblée rappelé la genèse et la pertinence du thème choisi. « La thématique choisie cette année, c’est l’emploi et l’employabilité. Je rappelle qu’elle a été choisie par Monsieur le Président de la République lors du Conseil des ministres du 24 avril 2024. Elle se justifie puisque aujourd’hui les questions d’emploi sont des questions impérieuses auxquelles tous les pays du monde doivent faire face pour trouver des solutions et le Sénégal n’est pas en reste. » Il a souligné l’impératif de s’attaquer à ce défi face à une démographie dynamique et un appareil productif nécessitant une revitalisation.
Interrogé sur l’impact des précédentes éditions sur le taux de chômage, Monsieur SY a préféré une approche factuelle : « Par rapport au taux de chômage, je pense que je vous renvoie aux statistiques qui sont là, comme on dit les faits sont têtus. » Il a insisté sur la nécessité d’une mobilisation collective : « C’est la raison pour laquelle il nous faut une mobilisation nationale, une mobilisation inclusive regroupant l’Etat, le gouvernement, les partenaires au développement, les syndicats de travailleurs et de patronat. De même que tous ceux qui tournent autour de l’emploi pour réfléchir de façon inclusive afin de trouver des solutions concrètes au chômage des jeunes. » L’espoir réside dans la feuille de route qui découlera de cette conférence.
L’édition 2025 se veut novatrice avec une structure axée sur six tables rondes, intégrant des discussions essentielles sur le monde rural et le numérique.
Selon Monsieur SY, « Les innovations pour cette édition, c’est une conférence qui sera axée sur six tables rondes, vu l’importance de l’emploi. Et dans ces tables rondes, le monde rural sera bel et bien présent. Le numérique aussi sera discuté, puisqu’on ne peut pas parler de l’emploi sans faire appel aussi au numérique qui est une donnée importante permettant quand même aux jeunes de pouvoir trouver quelque chose. »
La question brûlante de l’immigration clandestine s’est également invitée aux débats. Babacar SY a affirmé l’engagement de l’État à y apporter des solutions : « C’est important de poser la question relative à l’immigration, et c’est la raison pour laquelle on a dédié une table ronde à l’immigration. Puisque c’est des questions qui sont là, et l’État a la responsabilité de réfléchir et de trouver des solutions. On a parlé de l’immigration, c’est quelque chose qui doit être organisée. » Il a évoqué la possibilité d’une « migration circulaire » offrant aux jeunes des conditions de travail décentes et sécurisées.
L’entrepreneuriat des jeunes a aussi été un point central des discussions. Le directeur de l’emploi a reconnu les limites de l’emploi salarié : « Je pense que l’emploi, c’est d’abord l’emploi salarié et l’entrepreneuriat. L’État ne peut pas recruter tout le monde, de même que les entreprises. Il y a lieu quand même de réfléchir pour trouver des solutions, pour faciliter l’entrepreneuriat. » L’objectif est de rendre l’environnement entrepreneurial plus favorable et de réduire le taux de mortalité précoce des jeunes entreprises.
Quant à l’application concrète des recommandations issues de la conférence, Monsieur SY s’est montré optimiste : « Là, je pense que c’est une volonté politique et que, je l’ai dit tout à l’heure, la question de l’emploi devient une question de sécurité publique. Et qu’aujourd’hui, les décideurs publics sont engagés à trouver des solutions par rapport à la question de l’emploi. Ce qui veut dire que cette feuille de route, si elle est élaborée, je pense qu’il y aura des solutions. »
À la suite du Directeur de l’emploi, Monsieur Karim CISSÉ, Directeur Général du Travail et de la Sécurité Sociale, a ensuite pris la parole. Interpellé sur la question des licenciements récents, il a d’abord précisé que cela ne faisait pas l’objet central de la rencontre du jour, avant de consentir d’en dire un bout en guise de rappel.
Il a rappelé les principes fondamentaux du droit du travail : « Oui, d’abord, rappeler des principes. Le premier, c’est que chaque citoyen a droit à un emploi. Et l’État doit tout mettre en œuvre pour que cet emploi lui parvienne et qu’il soit conservé. Nous sommes pour la sécurité de l’emploi, nous sommes pour la création et la promotion des emplois. »
Concernant les licenciements, Monsieur CISSÉ a apporté des clarifications importantes en se référant au Code du travail et aux contrats à durée déterminée (CDD) : « Je me réfère principalement au code du travail qui fixe les modalités selon lesquelles les contrats de travail sont établis. En vertu de l’article L41, un contrat de travail à durée déterminée se caractérise par le fait que son terme est fixé d’avance entre les parties. » Il a précisé que l’arrivée à terme d’un CDD ne constitue pas un licenciement au sens strict et que le renouvellement est limité.
Face aux déclarations publiques sur des licenciements, le directeur général du travail et de la sécurité sociale a nuancé : « Il est arrivé effectivement, sans singulariser ou particulariser, qu’on constate dans les déclarations publiques qu’on évoque des licenciements qui plus correspondent à des contrats de travail à durée déterminée dont le terme est arrivé. » Il a également mentionné les cas de départs négociés dans le cadre de plans sociaux ou de protocoles d’accord.
Monsieur CISSÉ a rappelé les voies de recours pour les travailleurs se sentant lésés : « Et nous rappelons toujours aux travailleurs que quand un travailleur est licencié, il a la possibilité, et s’il estime que les motifs invoqués par l’employeur ne sont pas légitimes, la loi lui donne la possibilité d’adresser une requête à l’inspecteur du travail, du ressort, qui va convoquer son employeur, qui va entendre les parties, qui va constater la conciliation sur un procès-verbal ou une non-conciliation. Et le cas échéant, le dossier est transmis au tribunal du travail. »
Il a affirmé que les cas médiatisés sont généralement connus de l’inspection du travail et ont souvent fait l’objet de négociations, révélant majoritairement des fins de CDD ou des départs consensuels. Concernant le cas spécifique de 700 à 725 travailleurs évoqués, Monsieur CISSÉ a précisé : « C’est là où on parle de 700, 725, même si sur ce cas précis, les travailleurs contestent pour certains contrats, environ 200, où ils disent qu’effectivement, ces gens ont dépassé la période de renouvellement et qu’il faut les requalifier. Mais ça, c’est le juge qui peut le dire. C’est pas au gouvernement ou à l’inspecteur du travail de requalifier ou de qualifier un licenciement abusif. Il n’a pas ce pouvoir. »
Enfin, la question du pacte social a été abordée par Monsieur CISSÉ, qui en a retracé l’historique et la démarche inclusive initiée par le Président de la République. « Je voudrais rappeler que concernant le pacte social, c’est une demande du gouvernement. Je pense que le président de la République, lors de sa première séance de travail avec les centrales syndicales les plus représentatives, avait émis l’idée d’un pacte social en perspective de la refondation du dialogue social. » Il a souligné l’élaboration d’un « draft zéro » contenant des engagements gouvernementaux et la prochaine étape cruciale de discussions entre les autorités politiques et les organisations syndicales. L’objectif est d’avoir un agenda social cohérent avec la stratégie nationale de développement. Monsieur CISSÉ a conclu en réaffirmant l’ouverture du gouvernement au dialogue et son engagement envers les partenaires sociaux.
Ce petit-déjeuner de presse a permis de mettre en lumière les enjeux complexes de l’emploi des jeunes au Sénégal et les attentes placées dans la prochaine Conférence sociale de Diamniadio. Les déclarations de Messieurs SY et CISSÉ ont souligné la volonté gouvernementale de s’attaquer à ces défis par une approche inclusive, pragmatique et respectueuse du cadre légal existant, tout en ouvrant la voie à de nouvelles pistes de solutions et à un dialogue social renforcé.
