La 12ème session ordinaire du Comité Technique des Experts du cadre permanent de coordination et de suivi de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) en Afrique de l’Ouest s’est ouverte à Dakar, marquant une étape significative pour l’avenir hydrique de la région. Accueillie par le Sénégal, cette rencontre d’envergure rassemble des experts de la GIRE, des directeurs de la gestion et de la planification des ressources en eau, des partenaires techniques et financiers, ainsi que des représentants d’organismes de bassin, du CILSS et de l’UEMOA, sous l’égide du Centre de Gestion des Ressources en Eau (WRMC) de la CEDEAO.
Le Dr Bakary FATY, Directeur de la gestion et de la planification des ressources en eau au ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement du Sénégal, point focal GIRE, a souligné l’objectif principal de cette formation : renforcer les capacités des experts en matière de programmation d’investissements dans le secteur de l’eau. L’ambition est claire : transformer les idées et les besoins identifiés en projets bancables et rentables. Le choix du Sénégal comme pays hôte n’est pas fortuit, reflétant son leadership reconnu dans le domaine de la gestion et du partage des ressources en eau.
Parmi les défis majeurs identifiés, le Dr FATY a mis en exergue les problématiques institutionnelles. La présence de multiples acteurs impliqués dans la gestion des ressources en eau au sein d’un même pays peut parfois nuire à une gouvernance efficace et à une planification rationnelle. À cela s’ajoutent les impacts croissants du changement climatique et la croissance démographique rapide, qui exercent une pression supplémentaire sur des ressources déjà fragiles. Ignorer ces signaux aujourd’hui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les générations futures.
M. Alexis KOUASSI, Directeur du Centre de Gestion des Ressources en Eau de la CEDEAO, a rappelé le statut avant-gardiste de l’Afrique de l’Ouest en matière de gouvernance des ressources en eau. Grâce à la mise en place précoce de cadres de gestion partagée et à la présence de nombreux organismes de bassin, la région se positionne comme un modèle en termes de diplomatie de l’eau. Cependant, au-delà de la gouvernance, le défi majeur réside désormais dans la mobilisation de financements pour développer les infrastructures hydriques nécessaires.
M. KOUASSI a souligné la particularité géographique de la région : à l’exception du Cap-Vert, chaque pays partage au moins un cour d’eau avec un voisin. Cette interconnexion rend la gestion des ressources partagées d’autant plus complexe et vitale. L’objectif de cette session est précisément de former les acteurs à l’identification et au développement de projets d’infrastructures, afin de combler un déficit de financement estimé à environ 5 milliards de dollars par an pour la seule région de la CEDEAO.
La tenue de cette session témoigne d’un engagement politique fort de la part des gouvernements nationaux et de la CEDEAO. La participation active des directeurs nationaux des ressources en eau, validée par leurs ministères de tutelle, est un signe clair de cette volonté. La CEDEAO s’engage à soutenir les services nationaux de gestion des ressources en eau par la formation, le renforcement des capacités et un appui financier, convaincue que l’expertise développée dans la région permettra de relever ces défis.
Alors que les experts s’attellent à transformer les enjeux en opportunités, cette session à Dakar représente un pas significatif vers une gestion des ressources en eau plus résiliente et durable, essentielle pour le développement et la stabilité de l’Afrique de l’Ouest.
Nous vous invitons à suivre les déclarations du Dr FATY et de M. KOUASSI sur la vidéo ci-dessous.