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🔴VIDÉO–GEL DE L’IMPORTATION DE LA BANANE : LA PRODUCTION LOCALE ASSURE, LES CONSOMMATEURS EXIGENT UNE BAISSE DU PRIX AU DÉTAIL 

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Un mois après le lancement de la mesure audacieuse de gel des importations de bananes, l’heure est au premier bilan. Si les producteurs locaux ont prouvé leur capacité à approvisionner le marché, une vive polémique sur le prix de vente au détail menace de faire dérailler cette politique de souveraineté alimentaire. La réunion d’évaluation, tenue ce mardi au siège de l’Agence de Régulation des Marchés (ARM), a été le théâtre d’un face-à-face tendu entre l’État, des producteurs fiers de leurs résultats et une association de consommateurs exaspérée.

C’était une décision forte, un pari sur l’agriculture sénégalaise. Depuis le 1er septembre, plus aucune banane étrangère, principalement de Côte d’Ivoire, n’entre sur le territoire national. L’objectif : permettre aux producteurs locaux, longtemps concurrencés, de conquérir le marché. Un mois plus tard, le Directeur général de l’ARM, Babacar Sembène, a réuni tous les acteurs pour une évaluation sans concession.

Le premier constat, salué par tous, est un succès opérationnel. « Sur une commande prévisionnelle de 100 camions pour le premier mois, 95 ont été livrés », a fièrement annoncé Yaya Mamadou Sall, président du collectif des producteurs de Tambacounda. La filière locale, soutenue par l’État, démontre sa montée en puissance avec un objectif clair : couvrir plus de 80% de la consommation nationale dès 2025. Un pas de géant vers l’autosuffisance, pilier de la vision « Sénégal Horizon 2050 ».

Le Prix de la Discorde : « Quelqu’un se Sucre sur le Dos du Consommateur »

Mais derrière ce succès logistique se cache une bombe à retardement : le prix. La colère des consommateurs a été portée par la voix tonitruante de Momath Cissé, vice-président de l’Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN). Chiffres à l’appui, il a exposé le cœur du problème.

« Les producteurs ont respecté leurs engagements ! Ils vendent la banane de première qualité aux commerçants à 510 francs CFA le kilo », a-t-il martelé. « Comment expliquer alors que le consommateur la paie encore 1000 francs, le même prix que l’ancienne banane importée ? Il est inadmissible que la banane nationale soit vendue au même prix que celle de Côte d’Ivoire. Psychologiquement, ce n’est pas acceptable ! »

L’accusation est grave et directe. Pour M. Cissé, l’évaluation aurait dû immédiatement corriger ce « dysfonctionnement ». Il réclame une baisse immédiate du prix de détail à 800 FCFA/kg et lance un ultimatum : « Si le collège des producteurs et des commerçants ne trouve pas de consensus rapidement, nous demanderons à l’État d’intervenir et de fixer le prix par arrêté. »

L’État en Arbitre sur un Fil

Pris entre le marteau des consommateurs et l’enclume des règles communautaires, le Directeur de l’ARM, Babacar Sembène, navigue en eaux troubles. Il reconnaît les « préoccupations sur la qualité » et la nécessité de « baisser le prix », tout en gérant les implications diplomatiques de la mesure.

« Nous sommes dans une communauté, l’UEMOA, la CEDEAO, où prévaut la libre circulation des produits du cru », a-t-il rappelé. La mesure est une entorse temporaire à cette règle, justifiée par la nécessité d’accompagner une « filière naissante » face à un géant comme la Côte d’Ivoire. Des discussions sont d’ailleurs en cours avec les partenaires ivoiriens pour assurer une transition apaisée après la phase pilote de trois mois.

Pour les importateurs, dont l’activité est à l’arrêt, M. Sembène prône la patience et l’adaptation. « Tout début est difficile. On l’a fait avec les filières oignons et pommes de terre. Au fur et à mesure, on corrige. »

Vers une Sortie de Crise ?

La pression est désormais maximale sur les commerçants et distributeurs, désignés comme les principaux bénéficiaires de la situation. Les producteurs, par la voix de Yaya Mamadou Sall, se sont montrés conciliants, assurant vouloir « travailler avec les commerçants pour trouver un prix qui va satisfaire tous les consommateurs ».

Le succès de cette politique de gel des importations ne se mesurera pas seulement au nombre de camions livrés, mais à son impact réel sur le portefeuille des Sénégalais. L’État a deux mois pour transformer ce pari audacieux en un succès populaire, en s’assurant que la souveraineté alimentaire ne rime pas avec vie chère. Les prochaines semaines seront décisives pour l’avenir de la banane « Made in Sénégal ».

Retrouvez les différentes réactions sur la vidéo ci-dessous.

 

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